L’enfer du bibliophile – Le narrateur raconte une nuit de terreur où, forcé par un tyrannique conseiller, il achète jusqu’à se ruiner des textes et des volumes sans valeur. Pour le bibliophile acharné qu’il est, ces heures nocturnes sont une souffrance à devenir fou. « Après tout, cet être mystérieux, fut-il un démon et un vampire, était certainement bibliophile ; son geste, son regard, son sourire étaient d’un connaisseur, et d’un connaisseur émérite. » (p. 31) Il y a quelque chose du Chant de Noël de Charles Dickens dans ce texte, quand un homme voit se dérouler sous ses yeux son pire cauchemar.
Le paradis des gens de lettres – Plusieurs poètes sont transportés dans un monde merveilleux où, guidés par un Ange facétieux, ils observent la vie parfaite des GENS DE LETTRES. « J’admirai comment, sans le secours de plume, ni d’encre d’aucune espèce, leur pensée s’allait directement imprimer sur le papier. » (p. 87) Ce texte utopique féroce déploie le fantasme débridé d’un auteur qui voudrait vivre en un pays où tous seraient dévoués à la littérature et à ceux qui la font.
Ces deux courts textes écrits au 19e siècle sont légers et drôles, un vrai plaisir de gourmet (gourmette ?) littéraire qui se régale des petits malheurs de ceux et celles qu’elle côtoie. Des bibliophiles et des auteurs boursouflés d’orgueil, oui, j’en connais ! Peut-être suis-je parfois l’une et parfois l’autre…