Les ignorants

Bande dessinée d’Étienne Davodeau. Édition limitée : spécial 10 ans.

Tout commence quand un dessinateur de bande dessinée décide de découvrir le monde du vin. Il se fait bénévole et observateur chez un vigneron en bio à qui, en contrepartie, il fait découvrir le monde de la bande dessinée. L’auteur, c’est Étienne Davodeau. Le vigneron, c’est Richard Leroy, ancien banquier reconverti dans un métier qui a du sens, sur les côteaux du Layon. Les deux métiers se trouvent bien des similitudes : dans les deux cas, il faut du temps et de la patience. Le dessinateur et le vigneron sont attentifs à des détails qu’eux seuls voient pour confectionner un produit final aussi bon que possible. « Alors voilà : pour faire le vin, avant le raisin, avant la vigne, il faut considérer la terre. Il s’agirait alors d’envisager le vin comme un lien, puissant et mystérieux, entre la terre et l’homme. Ne mettez pas trop de métaphysique là-dedans. C’est un projet très concret : nous donner à boire un vin qui parle de la terre à notre corps. » (p. 128)

Étienne participe aux travaux dans les vignes et apprend à déguster des vins. Richard lit les bandes dessinées que lui prête Étienne et accompagne celui-ci dans les festivals BD, chez son éditeur ou à la rencontre d’autres dessinateurs. Chacun offre ce qu’il connaît le mieux. « J’ai l’impression que c’est très subjectif, la biodynamie… / Mais tout est subjectif dans le vin ! » (p. 91) Chacun est ignorant du métier de l’autre, mais sincèrement curieux et libre, dans sa méconnaissance, de ne pas aimer ce qui semble pourtant universellement reconnu. « Se chamailler sans fin au sujet des vins bus et des livres lus. […] C’est le genre de moment où la mauvaise foi est la bienvenue si elle contribue à la vigueur des débats. Peut-être que ça sert aussi à ça, le vin et les livres : s’engueuler tranquillement. » (p. 125)

Dans tous les sens du terme, cette bande dessinée est une rencontre, et une rencontre très humaine. Avec de la sueur, du plaisir à table, des moments partagés et des rires. « Tu pisses dans tes vignes ? Bravo. / C’est comme ça qu’elles me reconnaissent. » (p. 11) L’ouvrage se termine sur une liste des vins bus et des livres lus ensemble et par un entretien du dessinateur, de l’éditeur et du vigneron. L’humain, toujours, au cœur de la création et de ce qui se savoure. Plus de 10 ans après sa première parution, je découvre cette bande dessinée et je rejoins l’interminable cortège des lecteurs enchantés par ces portraits croisés. Et j’ai terriblement envie de goûter les blancs secs que produit Richard Leroy dans son domaine !

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