Roman de Frank Andriat.
Selma mène sa carrière avec ambition et son couple avec efficacité. Stressée, toujours en mouvement constamment tendue et prompte à l’agressivité, elle sait qu’elle est sur la mauvaise pente. « Elle détestait se trouver sans cesse en porte-à-faux avec elle-même. » (p. 23) Au hasard d’un train annulé, elle rencontre Grégoire, homme calme qui lui montre qu’il est possible de vivre dans l’instant. Forcée de s’arrêter après une rupture et un burn-out, Selma doit faire le point : sa carrière est-elle plus importante que son existence ? « À quoi rime une vie où aucun lien n’est créé ? » (p. 77)
Ce roman avait deux atouts charme : les textes de Jean-Jacques Goldman et ceux de Christian Bobin. J’ai évidemment fredonné les premiers dès qu’ils apparaissaient dans les pages, mais les seconds sont désespérément absents. Il y a une phrase très juste sur cet auteur que je découvre avec ravissement depuis quelque temps, mais c’est à peu près tout. « Il offre des ailes d’ange à chaque détail du quotidien. Il s’émerveille de ce que nous ne voyons pas. » (p. 35)
Les descriptions des personnages ne sont pas très fines et les dialogues franchement téléphonés. « Réussir dans la vie, c’est bien, mais réussir sa vie, c’est mieux. » (p. 101) Le point noir de ce roman, selon moi, c’est le mépris affiché envers les antidépresseurs et le traitement de la dépression. Oui, Selma va mieux à la fin du roman, elle a retrouvé une stabilité grâce aux discussions pleines de sagesse avec Grégoire. Leurs échanges sont jolis, gentiment philosophiques, mais finalement assez creux. « Quand on tourne les yeux vers la lumière, l’obscurité s’essouffle. » (p. 149) Quand un·e auteur·ice a pour objectif de délivrer un message positif, il doit prendre garde à la forme. J’ajouterai que le bonheur, c’est comme les pâtes à la sauce carbonara : tout le monde a sa recette et aucune n’est meilleure qu’une autre. Les méthodes ou les injonctions à la joie, ça m’agace profondément ! Décidément, la littérature feel-good, ce n’est pas pour moi… Et une fois encore, ma théorie est prouvée : les romans aux titres à rallonge ne sont pas de ceux qui me plaisent !