L’auteure fait le récit de l’existence de son père, depuis ses premières années de garçon de ferme jusqu’à la réussite du petit commerçant. Elle raconte aussi les brisures constantes entre cet homme du passé et elle, jeune femme happée par la modernité.
Moins catastrophique Les années, ce livre ne se laisse toutefois pas lire avec plaisir. L’auteure parle de son père, un être pour lequel chacun ne peut qu’éprouver des sentiments extrêmes, quelle qu’en soit la nature, avec une insupportable platitude assumée. « Depuis peu, je sais que le roman est impossible. Pour rendre compte d’une vie soumise à la nécessité, je n’ai pas le droit de prendre d’abord le parti de l’art, ni de chercher à faire quelque chose de « passionnant » ou « d’émouvant »? Je rassemblerai les paroles, les gestes, les goûts de mon père, les faits marquants de sa vie, tous les signes objectifs d’une existence que j’ai aussi partagée. Aucune poésie du souvenir, pas de dérision jubilante. L’écriture plate me vient naturellement, celle-là même que j’utilisais en écrivant autrefois à mes parents pour leur dire les nouvelles essentielles. » (p. 24) Cela ne me convainc pas. J’ai l’impression de lire le résumé objectif de toute une catégorie sociale. À croire que le père d’Annie Ernaux n’est qu’un prétexte pour raconter de façon grossière toute la destinée d’une génération.