Roman de Paulo Coehlo.
Un jeune berger répond à un rêve qui lui indique de quitter l’Andalousie pour les pyramides d’Égypte au pied desquelles se trouve son trésor. « Accomplir sa Légende Personnelle est la seule et unique obligation des hommes. » (p. 35) De l’Espagne à Tanger, d’une oasis arabe au désert africain, le berger chemine plusieurs années et apprend le Langage du Monde. « L’Univers est fait en une langue que tout le monde peut entendre, mais que l’on a oubliée. » (p. 90) Cette langue est celle de l’Amour, que le berger rencontre auprès de Fatima, fille du désert : « Lorsqu’on se baigne dans ce langage, il est facile de comprendre qu’il y a toujours dans le monde une personne qui en attend une autre. » (p. 119) Dans sa quête, le berger apprend de l’Alchimiste des vérités éternelles. « L’Amour, en aucun cas, n’empêche un homme de suivre sa Légende Personnelle. Quand cela arrive, c’est que ce n’était pas le véritable Amour, celui qui parle le Langage du Monde. » (pp. 145 & 146)
Le berger s’appelle Santiago. Il n’est fait mention de ce prénom qu’en première et dernière page. Tout au long du récit, il n’est qu’un jeune homme, un point anonyme dans le monde mais un élément unique et essentiel. L’Alchimie fait de l’Univers une chose une et unique, tenant et nourrissant toute chose. L’Alchimiste n’enseigne au berger rien d’autre que ce que ce dernier sait déjà. Ce texte initiatique est également très lyrique : la nature est célébrée en toute occasion. Elle n’est pas simple objet de respect, elle devient sujet du récit, actrice et partie prenante : de contemplée voire contemplative, elle devient elle-aussi initiatrice et engage un dialogue avec le jeune homme.
J’ai fini par céder aux « Il faut que tu le lises ! » Voilà, j’ai lu Paulo Coehlo. Et alors ? La lecture est plaisante voire charmante. Il est facile de suivre les références bibliques et mythologiques d’un monde entièrement religieux et spiritualisé. Le cheminement initiatique du personnage est touchant : il ouvre son cœur et son être au Monde. Sa Légende Personnelle devient exemple pour les autres hommes : en latin, [legendae], ce sont ‘les choses qui doivent être lues’. Donc, je l’ai lue cette légende. Et alors, encore ? Si le texte se lit sans déplaisir, je n’en garderai pas une trace profonde. J’ai souvent haussé les épaules devant la simplicité soi-disant didactique du texte qui me semble toucher par bien des aspects à la psychologie de magazine. Je comprends que ce texte puisse toucher les jeunes gens amoureux, mais qu’on cesse de me répéter que c’est une œuvre majeure de la philosophie moderne ! Si vous voulez de la vraie philosophie, lisez Sartre ou Merleau-Ponty et rendez à Coelho sa place sur les rayonnages des librairies ésotériques…