L’homme de Londres

Roman de Georges Simenon.

Louis Maloin est aiguilleur à la gare maritime de Dieppe. Toutes les nuits, du haut de sa cabine de verre, il regarde passer les trains et il observe les lumières de la ville endormie et les petites gens qui vivent dans l’obscurité. Un soir, il est témoin d’un meurtre. Et le meurtrier sait qu’il a été vu. Malouin récupère une mallette, objet de la dispute mortelle, qui contient plus de 5000 livres soit plus de 500000 francs. Dans les rues de Dieppe, Maloin ne cesse de croiser celui qu’il appelle « l’homme de Londres » car, à coup sûr, l’assassin est anglais. « Quel genre d’être était-ce? Il n’avait pas une tête de brute. Au contraire ! il avait plutôt l’air d’un pauvre diable mal portant qui traîne une vie solitaire. » (p. 30) Alors que Scotland Yard dépêche un agent à Dieppe, on découvre que l’homme de Londres est un ancien acrobate devenu cambrioleur de haute-voltige. Maloin, du haut de sa tour, vit de sombres nuits, partagé entre remords et bravade.

Si j’ai apprécié ce roman policier, c’est parce qu’on connaît le coupable immédiatement et que l’enquête première tourne court assez rapidement. Ce qui est plus intéressant, c’est la façon dont Maloin se perçoit lui-même coupable, se juge et condamne. En s’emparant de la mallette, il devient receleur et complice du crime. Mais il développe à outrance sa culpabilité qui se traduit en susceptibilité, nervosité, inquiétude et fébrilité. Cet argent, il ne sait qu’en faire, il ne prévoit même pas de le garder. Pour calmer ses nerfs, il boit, dépense le maigre argent du ménage, réfléchit trop et agit sans projet. Maloin ne supporte pas son premier crime pourtant mineur mais assume sereinement celui qui clôt l’affaire. Simenon dresse un portrait sans tendresse de cet homme sans ambition et sans charisme.

« Au même moment, on les prend pour des heures comme les autres et, après coup seulement, on s’aperçoit que c’était des heures exceptionnelles, on s’acharne à en reconstituer le fil perdu, à en remettre bout à bout les minutes éparses. » (p. 5) C’est sur ces phrases que s’ouvre le roman. Immédiatement, on comprend que l’affaire sera banale, faite de détails sans importance. Mais cette banalité affichée est la même qui caractérise le personnage principal. Maloin n’est pas un héros, il n’est même pas un anti-héros. Son passage dans cette histoire est tout à fait anodin mais sans lui, l’affaire aurait tournée court. Maloin n’est qu’un minuscule ressort qu’on ne remarque pas mais qui ne saurait faire défaut à la machine.

Une lecture plaisante, même si je n’ai guère envie de me frotter davantage à la plume de Simenon que je trouve un peu trop sèche.

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