À Babylone, Alexandre le Grand se meurt. Alors qu’il exhale son dernier souffle, il sait que son héritage sera dépecé. « Il sent, là, à l’instant où la douleur le brûle, que tout l’Empire va bruire d’une inquiétude et que personne n’est de taille à tenir l’immensité du royaume qu’il a forgé. » (p. 28) Alors que Babylone et tout l’Empire rendent hommage au mourant, les luttes de pouvoir commencent. Et la curée sera complète une fois qu’il sera mort. On fait venir auprès de lui Dryptéis, la fille de Darius. La princesse voulait vivre recluse, loin de l’Empire et de ses haines. Mais après la mort d’Alexandre, elle devient sa plus fidèle sujette et la gardienne d’un monde au bord du gouffre. « “Peut-être n’ai-je été mise au monde que pour pleurer.” Pleureuse de son père d’abord, puis d’Héphaïstion et d’Alexandre. Pleureuse d’un monde englouti. » (p. 107)
La dépouille d’Alexandre devient un enjeu et les généraux se disputent le trône. Dryptéis n’aspire qu’à sauver son enfant, à entraîner l’Empire loin de lui. Elle se joint au convoi mortuaire qui traverse les terres d’Alexandre. Dryptéis veut défier l’histoire : et si la sépulture d’Alexandre restait secrète à jamais ?
Laurent Gaudé propose une lente mélopée, un chant funèbre et digne. On entend résonner la voix des morts, comme c’était le cas dans La mort du roi Tsongor, du même auteur. Les défunts ne sont jamais très loin et ils précèdent les vivants en toute chose. Je n’ose trop en dire de peur de vous gâcher la lecture