Biographie de Sophie Adriansen.
Qui est Louis de Funès ? Derrière les mimiques et la trogne pointue, qui sait que l’homme était un pianiste émérite ? Qui sait la générosité, la fidélité, le sérieux et l’acharnement professionnel de l’acteur ? Plutôt qu’une biographie linéaire, Sophie Adriansen a choisi de présenter la vie de Louis de Funès sous différents angles, en se postant du côté d’une personne qui a marqué la vie de l’acteur. Qu’il s’agisse de sa mère, de son épouse, de ses fils, de ses amis, des réalisateurs et des acteurs avec lesquels il a tourné, Louis de Funès est taillé comme un diamant. La biographe s’est attaquée au bloc mythique qu’il représente et a doucement fait émerger l’homme derrière l’acteur, mais aussi le père de famille, l’époux, l’ami et le grand timide. Sorti de sa gangue, Louis de Funès est plus éclatant que jamais. Cette biographie par touche a quelque chose du story-board : chaque point de vue est un arrêt sur image, sur une perception particulière. Ainsi, le texte est très vivant puisqu’on peut passer d’un chapitre à un autre, en choisir un ou revenir sur nos pages. Sophie Adriansen a construit sa biographie avec beaucoup d’intelligence et de finesse.
Avec cet ouvrage, c’est tout le cinéma français d’après-guerre qui nous ouvre les portes de ses studios et de ses loges. Bourvil, Jean Gabin, Claude Gensac, Claude Sautet, Gérard Oury, Édouard Molinaro, Daniel Gélin ou Michel Galabru sont au rendez-vous. Acteurs ou réalisateurs, ils ont accompagné, suivi ou soutenu la carrière d’un jeune homme survolté qui ne savait pas vivre et travailler à moitié. L’acteur a marqué la comédie à tout jamais. « Louis de Funès s’est souvent déclaré inspiré par Chaplin : il en est un héritier plus certainement qu’un imitateur. » (p. 30) Il était désespéré quand il ne voyait aucun sourire sur le visage de son public et prêt à refaire une scène jusqu’à l’épuisement (le sien et surtout celui des autres) et le rire enfin déclenché.
Entre les chapitres, il y a quelques encarts qui présentent les films de Louis de Funès, avec certaines répliques mémorables. Il y a certes l’inoubliable « Jaaaaaambier ! », mais il faut noter que Louis de Funès n’est pas un homme de dialogues. Son talent et sa force comiques résident dans ses gestes, voire ses tics, et ses mimiques. Sans aucun doute, le muet lui serait allé comme un gant. Comme je le disais à l’auteure elle-même, j’ai vu très peu de films de cet acteur. Lors des rediffusions, mes parents estimaient souvent que le programme était vu et revu et qu’on pouvait voir autre chose. Je connais La grande vadrouille, La folie des grandeurs et Hibernatus. J’ai aussi vu L’avare. C’est tout. Je ne connais aucun Gendarme et aucun Fantomas. Autant dire que j’ai abordé cette biographie avec un œil très naïf et que je l’ai refermée avec une grande envie de découvrir tous les films de cet acteur de légende.