Le narrateur et sa femme, Ema, ont acheté une vieille maison au bord d’une rivière. La maison d’enfance du narrateur. Les travaux de rénovation sont nombreux, surtout dans le cœur de cet homme qui a perdu les souvenirs de son père et qui doit lutter contre l’angoisse. Mais, peu à peu, la nouvelle maison apporte la paix à l’homme, au couple. « Elle m’a dit qu’elle était heureuse d’être ici. Qu’elle était pleine d’espoir pour l’avenir. Je lui ai répondu que moi aussi. Nous nous sommes endormis comme ça. Bien au chaud dans nos projets. Avec demain comme couverture. » (p. 21)
Le passé proche est sensible et le passé lointain est douloureux. D’une certaine manière, l’homme doit réapprendre à vivre. « C’est ainsi que les crises ont commencé, je crois. En oubliant trop tout ce qu’il y avait à perdre. En se voilant la face. En se forçant à croire. La confiance ne se déclame pas. Il faut l’apprendre. Tout doucement. » (p. 54) Au rythme des saisons, de la nature et de la maison, le narrateur progresse lentement sur une voie plus sereine. Il s’apaise, se pardonne, se redécouvre et se tourne vers l’essentiel. « J’apprends à ne plus écouter les chansons lancinantes de mes plaintes. » (p. 75) Avec les souvenirs qui reviennent par bribes, tout laisse à penser que l’homme blessé finira par redresser la tête.
Ce court roman aux chapitres tout aussi courts est une histoire de l’absence et du souvenir. Le titre a valeur d’incantation : plus qu’une information donnée à l’autre, c’est un espoir que l’on exprime, une promesse que l’on se fait. En retrouvant la maison de son enfance, le narrateur trouve enfin le lieu qui lui correspond. Et qu’importe si certains souvenirs font défaut : Ema est là pour en créer d’autres, pour peindre sur les murs une nouvelle histoire.
Très intime, voire intimiste, ce récit à la première personne est fortement tourné vers la nature et le lendemain. Certaines phrases sont particulièrement touchantes, mais je ne peux pas dire que j’ai été vraiment transportée par ce roman. Cela tient peut-être au fait que j’ai des centaines de souvenirs de mon père et qu’il ne m’a pas encore quittée. Et peut-être n’ai-je pas été sensible à la gravité fugace que l’auteur tente de partager : celle de l’existence et du renouveau. Toutefois, Ici ça va est un texte empreint d’une grande sensibilité et d’une profonde finesse. Des âmes plus sensibles ou plus nobles que la mienne ne pourront qu’aimer ce récit.