Charlie a 17 ans et déjà une certaine et douloureuse expérience de l’existence. « Les gens au cœur bon brillent d’un éclat plus vif dans les moments sombres. » (p. 434) Après la mort de sa mère, son père est tombé dans l’alcoolisme et le garçon a grandi dans un foyer triste. Ayant obtenu la réalisation d’un souhait formulé dans un moment de désespoir, Charlie s’est promis de rendre ce qui lui a été accordé. C’est ainsi qu’il s’attache au vieux et désagréable M. Bowditch et à sa vieille chienne Radar. D’abord homme à tout à faire auprès du vieillard acariâtre, Charlie devient un ami de la maison et apprend à connaître Adrian Bowditch. L’homme est immensément riche et résolument secret. « L’or n’est pas uniquement fascinant. Il est dangereux. Et celui-ci vient d’un endroit dangereux. » (p. 226) Tout se précipite après un premier drame et, par amour pour le très vieux chien, Charlie s’enfonce dans un monde maudit, prêt à tout pour sauver l’animal.
Je n’en dis pas plus, car il serait dommage de déflorer ce nouveau pavé du King ! Avec ses chapitres très courts et dynamiques, le roman de 1007 pages du roman m’a happée et ne m’a pas lâchée ! D’aucuns pourraient lui reprocher quelques centaines de pages en trop : ce n’est pas mon cas. La longue mise en place est pertinente et fait que l’on s’attache irrémédiablement à Charlie et Radar. On tremble alors d’autant plus quand ils sont en danger. Une fois encore, Stephen King prouve son talent pour le suspense, via des prétéritions suffisamment vagues et inquiétantes pour pousser le lecteur à lire le chapitre suivant. Au 19e siècle, l’auteur du Maine aurait été un feuilletoniste de génie !
Ce qui me touche le plus profondément dans ce roman, c’est la déclaration d’amour que King adresse au meilleur ami de l’homme, le chien. Ce n’est pas la première fois qu’il met en scène ce compagnon à quatre pattes, mais je n’ai jamais ressenti avec autant d’émotion l’affection qu’il lui porte. « L’inconvénient avec les chiens […], c’est qu’ils ont confiance en vous. » (p. 580) La relation entre Charlie et Radar est puissante et a plusieurs fois fait déborder mon cœur d’amie des animaux.
Évidemment, impossible de ne pas souligner le talent de Stephen King quand il s’agit de créer un autre monde. Dans Rose Madder, La Tour Sombre ou encore Histoire de Lisey, il a dressé des univers complets, et il remet ça avec Conte de fées. Comme le titre l’annonce, tout finira peut-être bien, ou peut-être pas, car dans le monde des fées et des merveilles vivent aussi de terribles monstres. Conte de fées est un très bon roman, certes pas le meilleur roman de l’auteur, mais il est efficace et parfaitement mené. Pour moi, King a fait le taf et je me suis régalée !