L’Annonce a ébranlé le monde. Le 21 mars, tout va changer. « La plus grande menace des dernières décennies proférée contre l’Occident, celle avec laquelle tout le monde était censé vivre, le premier enjeu métaphysique qui ne serait pas un choix mais un enfer déposé sur terre que chacun devait aménager à sa façon. » (p. 53) Il reste trois mois à l’humanité pour y faire face. Alors chacun réagit à sa façon. Alice quitte la France pour retrouver Tara, son premier amour, en Écosse. Tara et Patty, dans leur ferme, tentent de créer une race parfaite de chiens. À Londres, Simon redécouvre l’amour avec Ecuador, son amante, et se remet à peindre avec frénésie. Ecuador, beauté noire comme celle que Shakespeare célébrait dans ses sonnets, profite de sa fortune pour se permettre tous les plaisirs. Sophie tente de protéger son enfant, Ludivine, de l’angoisse causée par l’Annonce. Que faire quand il ne reste qu’un hiver, que le printemps ne viendra pas ? « Les gens avaient des comportements d’animaux pressentant une éclipse, ils s’affolaient sans savoir pourquoi. » (p. 45) Autant lâcher la bride et tout oser !
Totalement emballée par le roman jusqu’aux toutes dernières pages, je suis désolée de ne pas comprendre la conclusion. Peu m’importe que l’Annonce ne soit pas clairement définie, il y a suffisamment d’éléments pour comprendre la menace. Ai-je manqué un indice au cours de ma lecture ? Qu’advient-il des personnages ? L’Annonce se réalise-t-elle ? Quel sens donner au sinistre fantôme de Margaret Thatcher qui plane sur l’intrigue ? Je reste avec mes questions, un peu déboussolée. Je suis toutefois ravie de retrouver un thème que l’auteure a récemment exploité avec talent dans son dernier roman, L’animal et son biographe, celui de la bête ancestrale que l’homme tente de faire renaître. Ici, ce n’est pas un auroch, mais un chien terrible dont il est question. « Jadis c’est avec cette race pure qu’on gardait les enfers. » (p. 88)
Dans ce roman, j’ai retrouvé la plume à la fois brute et érudite de Stéphanie Hochet, ce style qui me séduit de plus en plus à mesure que je découvre l’œuvre de cette auteure. Lisez Un roman anglais ou Éloge du chat. Et aussi Sang d’encre : même si ce texte ne m’a pas tout à fait convaincue, sa réflexion sur le passage du temps fait écho à la problématique des Éphémérides.