Roman de Lucy Maud Montgomery.
Sur L’Île-du-Prince-Edouard, à Avonlea, Matthew et Marilla Cuthbert vivent paisiblement. Mais le frère et la sœur commencent à vieillir et il leur serait bien utile d’avoir de l’aide pour entretenir la propriété de Green Gables. Ils décident d’adopter un jeune garçon qu’ils pourront éduquer et former aux travaux de la ferme. Mais surprise, c’est une petite fille qui leur est confiée, la rousse et pétillante Anne Shirley. L’enfant est enthousiaste, expansive, bavarde et déterminée à prendre le meilleur de ce que la vie lui offre. « Ça me fait un petit mal bien agréable, […] rien que de penser que je vais arriver dans une vraie maison, un vrai foyer, pour de vrai. » (p. 26) D’abord désemparée devant cette gamine pleine d’imagination et de fantaisie, Marilla se laisse peu à peu aller à éprouver des sentiments maternels et à apprécier son incessant babil. « Cette enfant n’est pas facile à comprendre, je dois avouer, mais je suis persuadée qu’elle deviendra quelqu’un de bien. Et, en tout cas, chose certaine, il n’est pas possible de s’ennuyer en sa compagnie. » (p. 119) Quant au doux et timide Matthew, il est tombé sous le charme d’Anne dès les premiers instants. La vie à Green Gables est désormais plus animée et certainement moins monotone puisqu’Anne, sans le faire exprès, trouve toujours une mésaventure dans laquelle se fourrer. « Marilla, n’as-tu pas remarqué quelque chose d’encourageant ? Je ne fais jamais la même bêtise deux fois. / Je me demande où est l’avantage, puisque tu en inventes toujours de nouvelles. » (p. 196) Avec sa chère amie Diana, Anne grandit, découvre les joies et les rivalités de l’école, développe son caractère bien trempé, mais aussi son cœur d’or. Cette enfant-là n’a pas fini de faire parler d’elle.
Et pour cause, Lucy Maud Montgomery a écrit plusieurs suites à ce premier volume. Il y a fort à parier que la vieille querelle entre Anne et Gilbert se transforme en un sentiment bien plus doux et que l’intelligente jeune fille devienne une femme exceptionnelle.
Il y a un petit air de Jane Austen dans la peinture des caractères et dans la façon de pointer les ridicules ou les vertus des personnages. Impossible de ne pas penser à la jeune Sophie de la Comtesse de Ségur, tant cette pauvre Anne ne cesse de commettre de bourdes, jamais méchamment cependant. J’ai également beaucoup pensé à Pollyanna, cette gamine attachante à l’imagination fertile et à l’optimisme inébranlable. J’ai passé un moment délicieux avec cette jeune Anne et ses taches de rousseur. Pas étonnant que ce roman soit un classique de la littérature jeunesse et qu’il prenne sa place dans le jeune catalogue des éditions Zethel.