Quand Milo est renversé par un véhicule, toute sa famille se met en suspens. Cet enfant miraculeux et tant aimé va-t-il mourir, comme un autre avant lui ? Va-t-il se réveiller de son coma ? Si oui, pourra-t-il encore marcher, parler, penser ? Céleste, sa mère, vit dans sa chair la douleur de son cher petit garçon. Lino, son père, encaisse à nouveau la souffrance de son épouse et le mépris de sa belle-mère. Jeanne, sa grand-mère, s’impose encore et toujours comme seul soutien de Céleste, sa fille préférée. Marguerite, sa tante mal-aimée, se ronge de remords et désespère que son si cher neveu lui soit arraché. « Qu’adviendrait-il de nous en son absence ? » (p. 15) Milo est le ciment entre les membres de cette famille qui cache tant de secrets, de mensonges et de trahisons. Chacun pense avoir un lien privilégié avec cet enfant supplicié. « Un fil invisible s’est tissé entre nous deux. Un fil d’amour invisible, pur, sans motif. » (p. 37) Chacun se donne raison et tort aux autres. Puis chacun s’accuse, se juge et se flagelle de cet accident si bête si imprévisible qui pourrait leur voler leur cher enfant. Il y a tant de fautes passées et présentes à pardonner : est-ce seulement possible ?
J’avais tant entendu parler de ce roman que je rechignais à le lire. Finalement, je ne regrette rien. C’est une histoire réussie et émouvante, même si elle a tendance à tirer un peu trop sur certaines cordes sensibles. Mais le résultat est là : le lecteur est suspendu au souffle du garçon dans le coma et il se passionne pour les révélations qui surgissent de cette grande douleur. La grande force de ce roman est sa construction qui alterne les points de vue d’un chapitre à l’autre et qui donne la parole aux quatre adultes. Ces différentes perspectives construisent un tableau d’ensemble qui semble honnête, autant que peut l’être la représentation que chacun se fait de sa vie. Il me manque peut-être un chapitre final où la parole aurait été donnée à Milo, comme une conclusion et un point d’orgue. Le jeune héros de cette intrigue ne prononce en effet que très peu de mots. Et si tout ramène toujours à lui, il aurait été intéressant d’entendre sa propre version de l’histoire. Mais je chipote ! Pardonnable, impardonnable est un très bon roman familial.