Les nombreux mondes de Jane Austen

Texte d’Isabelle Ballester.

Jane Austen se targuait de « n’être que la biographe de ses personnages.«  (p. 101). L’œuvre d’Isabelle Ballester présente avec originalité la vie de la célèbre romancière anglaise: Jane Austen croise ceux qui sont devenus ses personnages comme s’ils étaient des membres réels de la société anglaise. Ainsi, les sœurs Bennet, le beau Mr Darcy, la caustique Emma, la perfide Lady Susan ou les sœurs Dashwood évoluent entre Bash, Londres et les plaines anglaises. Dans la veine de toutes les réécritures ou suites qu’ont connues les œuvres de Jane Austen, la biographie de l’auteure ouvre des possibilités folles et des voies riches ou dangereuses. « La profusion littéraire quasi hémorragique de Jane Austen masque une vie familiale agitée, pleine de soucis et d’épreuves. Appréciée de ses pairs, connue de ses lecteurs, financièrement plus à l’aise, Jane se trouve confrontée à des décès qui l’accablent. »  (p. 208) Mais loin d’être une somme sur la vie de l’auteure, entre sa famille et sa passion, le texte se distingue par son originalité et sa transversalité. Il est aussi foisonnant et percutant que les romans de Jane Austen qui avait si bien su croquer les travers de ses contemporains.

Le texte est complété d’encarts historiques et de précisions culturelles fort à propos sur les us et coutumes de la société anglaise sous la Régence. Des chronologies historiques, politiques, personnelles et littéraires mélangent réalité et fiction: la naissance d’Elizabeth Bennet bénéficie de la même importance que la victoire de Waterloo. Les illustrations sont nombreuses, diverses et originales: photographies de demeures anglaises, gravures, dessins, portraits, premières de couvertures des œuvres de l’auteure ou jaquettes des adaptations à l’écran, etc. Le livre est beau, son format original, la couverture est souple et douce et les illustrations égayent la lecture. Il est néanmoins dommage de rencontrer tant de coquilles et de fautes de grammaire…

Le dernier chapitre est un hommage de John Kessel à Orgueil et préjugés de Jane Austen et Frankenstein ou le Prométhée moderne de Mary Shelley, intitulé Orgueil et Prométhée. Mary, une des cadettes de la famille Bennet et vieille fille, rencontre Victor Frankenstein, le père de la créature. S’ensuit une aventure tragique pour Kitty, la dernière fille Bennet, et une plongée philosophique pour Mary.

Je recommande sans aucun doute cet ouvrage aux amoureux de Jane Austen, à tous ceux qui connaissent sur le bout des doigts ses œuvres et à ceux qui voudraient dépoussiérer leur approche de la romancière. J’ai lu ce livre en quelques heures, un vrai plaisir !

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