La fille de Paname – L’homme aux couteaux

Roman graphique de Laurent Galandon. Couleurs de Kas et Graza.

Entre 1898 et 1901, on suit les pas de la belle Amélie Elie. La belle blonde rêve d’une autre vie que celle, laborieuse et monotone, de ses parents. « L’amour, c’est beau, c’est splendide, mais si l’habitude s’en mêle, ça devient une petite image à deux sous qu’on connaît par cœur. L’amour qui n’est pas fouetté ne sert à rien. » (p. 19) Elle quitte son fiancé, le gentil Matelot et elle rejoint le trottoir, attirée par les froufrous des filles de joie. Parmi les poules et les Apaches, elle apprend vite à se méfier de la police. « Tous unis contre la poulaille !! » (p. 11)

Elle passe des bras de La Belle-Hélène à ceux de Bouchon pour finir dans ceux de Manda des Orteaux. Pour la protéger des difficultés du trottoir, il lui trouve une place dans une maison close. Pendant un temps, Amélie croit toucher au bonheur et chante les louanges du métier de fille publique. « Mon métier me plaît ! Je n’ai pas envie d’avoir les mains calleuses d’une blanchisseuse, moi ! Et puis, je prends service à la société, tu sais ! Je fournis du rêve aux hommes qui en ont un urgent besoin ! Je soulage bien des épouses et sauve ainsi des couples mariés de la banqueroute ! J’évite à de belles concierges de se faire culbuter dans les escaliers ! Je console le veuf de son veuvage ! » (p. 55) Mais la belle poule va déchanter : son homme n’est pas un saint et les amants jaloux ne manquent pas.

Alors qu’Aristide Bruant tient le haut de l’affiche au Chat-Noir, Le Petit Journal affiche à la une les méfaits des Apaches qui font la loi la nuit et au-delà des fortifications. Leur argot sonne haut et clair dans les rues et les tripots. La Belle-Époque en ses superbes tenues n’est jamais si belle que quand elle se frotte à la racaille des boulevards !

Le personnage d’Amélie est inspiré de la célèbre Casque d’Or et le dessin rend hommage à la beauté solaire de cette fille de ruisseau. L’image est ciselée, les corps des filles sont insolents et superbes. Les couleurs vibrent et une tâche de jus de cerise au coin d’une lèvre gourmande donne envie de sucer et de mordre. Pas de mollesse ou d’indolence dans ces pages : à Paname, on vit, on tue et on rit avec éclat.

J’attends avec impatience le deuxième tome de ce très beau roman graphique pour retrouver le charmeur et coquin Manda et revoir l’éclatante splendeur d’Amélie.

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