Sauvage

Roman de Nina Bouraoui. Lu dans le cadre du Prix Océans.

Nous sommes en 1979 à Alger. Alya a 14 ans et, comme tous ses proches, elle redoute l’arrivée de 1980, année chargée de menaces et de mauvais présages. Alya souffre également de la disparition de Sami, son premier amour. Je me dis que Sami a été aspiré ; qu’il est passé de l’autre côté. » (p. 75) L’autre côté, c’est l’âge adulte. Alya, l’adolescente, a des restes d’enfance et des terreurs qui la coupent de cet âge à la fois inquiétant et séduisant. « Je n’ai pas peur la nuit avant de m’endormir, je n’ai pas peur des esprits, j’ai peur de ce qui existe. Je crois que j’ai peur de la vie, comme on me l’a donnée, proposée. Parce j’ai toujours l’impression de ne pas avoir le choix. D’être obligée de suivre les autres, le monde. » (p. 33)

Pour se défaire de ses peurs et de la terrible douleur de ne plus voir Sami, Alya écrit dans des carnets. Sa poésie est angoissée, torturée : elle convoque l’absent et rend le vide plus palpable. « Je vois Sami partout dans mes mots et […] je sens que je peux pleurer ce soir, parce qu’une année vient de passer et qu’il n’est pas revenu. Et qu’il ne reviendra peut-être plus. » (p. 133) Le roman de Nina Bouraoui est un récit du passage entre un présent inquiet et un futur d’espérance. La narratrice comprend progressivement que la peur de l’avenir, voire de l’inconnu, est vaine.

Le rythme est très fragmenté, les phrases sont courtes, parfois interrompues pour mieux reprendre après le point. La narratrice parle comme on émettrait une incantation pour appeler la vérité, pour lever le voile qui dissimule les choses. Son souffle est court et la lecture s’adapte à cette ponctuation forcée, mais parfois au détriment du sens. Les phrases sont hachées, déchiquetées et le propos s’étiole. En dépit de la beauté et de la gravité du sujet, j’ai trouvé ce texte long et confus. Je me suis même perdue dans la lente métaphysique amoureuse et sensuelle de la narratrice.

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