Le vendeur de goyaves

Roman d’Ugo Monticone. Illustrations de Jean-Sébastien Lajeunesse. À paraître en fin d’année 2013.

Hilmu est un jeune vendeur de goyaves. La nuit, dans son kiosque, il observe le village et les relations qu’entretiennent les êtres quand le soleil est couché, loin des tensions diurnes. « Aucun passage du Véda sacré, la fondation même de l’hindouisme, ne parle de castes. » (p. 13) Tout bascule après l’incident de la vache sacrée. Hilmu se découvre un étrange don de guérisseur et il décide de quitter le village pour en savoir plus sur son nouveau talent. Grâce à la chaleur que dégage sa main, il guérit la belle Madhuri de la lèpre, mais cet exploit est loin de faire son affaire : tous les malades des alentours veulent bénéficier de son pouvoir et d’aucuns n’hésitent pas à monnayer grassement le don d’Hilmu, sous couvert de miracle divin. « Regarde ta main, c’est un pont entre l’homme et les dieux, un véhicule du divin. Ta mutation dépasse toutes les limites que nous connaissions jusqu’à présent. Tu es la prochaine évolution de l’humain, Hilmu. Tu es Kalki, l’incarnation finale ! » (p. 127)

L’initiation d’Hilmu est pleine de spiritualité orientale, mais traite d’un sujet universel, à savoir comment la ferveur peut se transformer en fureur quand les adeptes d’un culte dépassent toutes les limites au nom de leur dieu. « Ceux qui se réfugient dans une croyance s’opposent à ceux qui cherchent la vérité dans une autre. » (p. 160) Hilmu observe avec douleur comment le fanatisme et la foi aveugle peuvent ruiner des existences et alourdir les âmes. Et c’est également avec douleur, mais aussi au cours d’une profonde réflexion sur lui-même, que le jeune garçon entreprend un lent apprentissage pour découvrir qui il est. Tout changement, qu’il s’agisse d’une guérison ou d’une élévation, doit avant tout venir des êtres qui l’attendent : il n’existe pas de miracle sans une volonté initiale. Les dieux ne sont pas coupables quand rien ne se produit, car rien ne tombe du ciel, sauf la pluie, et cette dernière n’est pas un miracle. Finalement, un miracle n’est jamais que l’aboutissement d’une volonté déterminée. Comme le dit une autre religion, aide-toi et le ciel t’aidera. C’est la première vérité. L’autre vérité consiste à reconnaître les êtres sans lesquels la vie aurait moins de saveur ou de valeur.

Un grand merci à l’auteur qui m’a contactée après avoir lu ma critique de son précédent livre, U, et m’a offert de lire son nouveau roman avant sa parution officielle. Le vendeur de goyaves n’a pas la force loufoque et déjantée de U, mais il dégage une belle sagesse, simple et nécessaire dans nos temps tourmentés par l’argent et le pouvoir. J’ai lu ce roman comme j’aurais découvert une légende indienne, en me laissant porter par l’exotisme de l’histoire et la poésie d’une culture inconnue.

Ce roman sera disponible au format numérique sur le site www.publiez.ca

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