Tome 1 : L’affaire Jane Eyre – Tome 2 : Délivrez-moi !
Roman de Jasper Fforde.
Thursday Next a décidé de prendre son congé maternité dans un livre inédit rangé dans le Puits des Histoires Perdues, au sein de la Grande Bibliothèque. Elle y sera plus à l’abri que dans le monde réel et ça lui laissera le temps de réfléchir à la façon de récupérer son mari Landen qui a été éradiqué par le groupe Goliath. En même temps, elle continue sa formation pour devenir agent titulaire de la Jurifiction, sous la houlette de Miss Havisham qui, quand elle ne joue pas son rôle dans De grandes espérances, adore faire des courses en voiture contre M. Crapaud. Aidée de Mamie Next, Thursday doit aussi lutter contre l’oubli et la disparition de ses souvenirs de Landen : pour ce faire, elle doit vaincre Aornis Hadès, la petite sœur d’Achéron qui est un peu furax que son grand frère ait été battu. Ajoutez à cela que le Minotaure s’est échappé de sa cage, que des grammasites font des ravages dans les romans et qu’une nouvelle technologie controversée est sur le point de faire son apparition, l’UltraBookTM. Le grand plus défi de Thursday dans ce volume, c’est probablement d’affronter ses souvenirs de la charge en Crimée, là où elle a perdu son frère. Pendant ce temps-là, aux réunions de la Jurifiction, l’Homme à la cloche organise sa succession et on attend toujours un des agents, un certain Godot.
« Tout est possible dans le Monde des Livres. […] Les seules limites sont celles de l’imagination humaine. » (p. 325) Voilà qui s’applique précisément au texte de Jasper Fforde : dans ce troisième volume, il n’en finit pas d’explorer littéralement le sous-texte, de jouer avec les codes de la narration et de mettre un joyeux bazar dans l’univers des classiques. On en apprend un peu plus sur la Mer de Texte, là d’où viennent et où reviennent tous les mots. On rencontre des personnages en quête d’auteur et livres en quête de lecteurs. Et ces derniers seront d’accord pour dire que cette définition du livre est parfaitement juste. « Un livre, ça n’a l’air de rien, des mots sur une page, mais en réalité, il s’agit d’une technologie infiniment complexe qui traduit des gribouillis bizarres tracés à l’encre en images à l’intérieur de votre crâne. » (p. 71) Jasper Fforde étend le champ des possibles en s’attaquant à la littérature russe, à la littérature jeunesse, à la tradition orale et aux mythes antiques. Allez, je vous invite à faire un tour dans le Puits des Histoires Perdues. Mais n’oubliez pas votre chapeau éjecteur et n’oubliez pas que le Grand Manitou des livres voit tout et sait tout.