Les cinq cent millions de la Bégum

Roman de Jules Verne. Illustrations de L. Benett.

Le docteur Sarrasin, paisible praticien français, hérite soudainement d’un petit royaume dans la province de Bengale et de plus de 500 millions de francs. Mais cet héritage fabuleux lui est disputé par le professeur Schultze, un Allemand convaincu de la supériorité de son pays. « Cela peut devenir un grand danger, une subite fortune pour certaines natures. » (p. 29) Les millions sont finalement partagés : alors que le docteur Sarrasin fonde France-Ville, cité moderne et modèle, le professeur Schultze construit Stahlstadt, cité ouvrière partagée entre les mines et les fonderies. L’Allemand ne s’en cache pas, il veut anéantir sa voisine française à coup de canons et de projectiles meurtriers. Infiltré dans la cité armée, Marcel Bruckman, pupille du docteur Sarrasin, met tout en œuvre pour percer à jour les sombres desseins du professeur Schultze. « Nous faisons ici le contraire de ce que font les inventeurs de France-Ville ! Nous cherchons le secret d’abréger la vie des hommes tandis qu’ils cherchent, eux, le moyen de l’augmenter. Mais leur œuvre est condamnée, et c’est de la mort, semée par nous, que doit naître la vie. » (p. 124)

Avec ce roman d’anticipation et d’espionnage, Jules Verne présente une peinture visionnaire cruellement précise de ce que sera le conflit franco-allemand de 14-18. Le récit est très manichéen et oppose les partisans du bien et de l’homme à ceux du mal et de la destruction. C’est avec un paternalisme éclairé que Jules Verne professe que les sciences n’ont de valeur que si elles sont mises à profit avec vertu et sagesse. Dans le même sens, il rappelle que la richesse ne fait le bonheur que si elle est partagée et mise au service de l’élévation de l’humanité. Les personnages sont des archétypes : l’Allemand belliqueux, le Français humaniste, l’Alsacien méritant, etc. « Marcel n’était pas seulement d’un mérite transcendant dans toutes les branches du métier, c’était aussi le plus charmant compagnon, le travailleur le plus assidu, l’inventeur le plus modestement fécond. » (p. 109) Ce roman est d’une grande simplicité dans sa construction, mais le charme opère toujours avec Jules Verne.

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