Péchés capitaux

Roman de Jim Harrison.

En tentant de ramener à la maison sa fille adoptive, et après un chantage plutôt dangereux, Sunderson vit une longue convalescence pour se remettre d’une agression qui lui a brisé le dos. Cet ancien flic largement porté sur la bouteille et toujours meurtri par son divorce ne veut pourtant que pêcher à la mouche et vivre tranquillement. Obsédé depuis toujours par les sept péchés capitaux, il sait qu’il est loin d’être exemplaire : il boit trop et il couche à l’envi. Après avoir acheté un chalet dans le Michigan, il rencontre la famille Ames qui est composée d’hommes très violents et de femmes plus ou moins martyrisées. Ils ont la violence dans le sang, ainsi que beaucoup trop d’alcool. Rapidement, de nombreux Ames meurent dans des circonstances brutales et suspectes. Il semble que quelqu’un essaie d’éliminer la famille. Sunderson noue des relations avec certains Ames et ne peut s’empêcher de reprendre du service. « Après avoir été inspecteur de police presque toute sa vie, il n’était pas étonnant qu’il fût obsédé par la violence et par une famille dont les membres se tabassaient et tabassaient les étrangers depuis si longtemps. » (p. 119) Sunderson a soudain le sentiment de devoir écrire sur la violence qui constitue à ses yeux le huitième péché mortel. C’est ainsi qu’il reprendra sa vie en main, qu’il mettra un terme à son alcoolisme et qu’il pourra renouer avec Diane, son ex-femme. « Il était obsédé par sa bite molle et par toute cette violence qui s’exerçait dans le monde. » (p. 242)

Parfois, il ne faut pas lire les quatrièmes de couverture. Parfois, il vaudrait mieux. Si je l’avais fait pour ce livre, j’aurais compris que Sunderson est un personnage récurrent de l’œuvre de Jim Harrison, ce qui aurait expliqué les raccourcis, les choses dites à moitié et les ellipses. Mais ce n’est pas ce qui m’a le plus gênée. Le plus gros problème, c’est que je n’ai pas compris les motivations de ce personnage imbibé jusqu’à la moelle et qui ressasse ses erreurs et ses remords en retombant sans cesse dans ses travers : le sexe et l’alcool. « C’est le péché mortel de la gourmandise qui l’incitait à boire encore et encore. Il ne pouvait pas incriminer le divorce, car son alcoolisme avait commencé bien avant et même constitué l’une des raisons du divorce. » (p. 29) Et que dire de la relation tellement malsaine qu’il entretient avec Mona, sa fille adoptive : il la reluquait chez les voisins quand elle était adolescente, avant de l’adopter avec son ex-femme, et il finit par coucher avec elle.  « Si l’on pouvait pardonner à Marie-Madeleine d’être une putain, pourquoi d’autres devraient-ils mourir sous prétexte qu’ils lui avaient rendu visite ? » (p. 6) Par ailleurs, je ne crois pas à la fin idyllique : dans un parc parisien, il attend l’amour de sa vie, persuadé que tout va repartir sur des roulettes. Hélas, Sunderson a trop montré qu’il ne sait pas combattre ses démons.

Aurais-je compris ce roman si j’avais lu les précédents ? Sans aucun doute. L’aurais-je davantage apprécié ? Probablement pas.

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