Le jardin arc-en-ciel

Roman d’Ito Ogawa.

Izumi vit seule avec son fils Sosûke depuis son mari est parti. Quand elle rencontre Chiyoko, une lycéenne en détresse, et l’empêche de se suicider, elle donne un nouvel élan à leurs deux existences. « J’avais cru la sauver, mais réflexion faite, c’était moi qu’elle avait sauvée. » (p. 21) Les deux femmes font l’amour sur le gazon artificiel d’une terrasse en ville et savent qu’elles ne pourront plus vivre l’une sans l’autre. Izumi a 35 ans, Chiyoko en a 19, mais rien ne peut les séparer. « Une famille, ce n’était pas une question de sexe ou d’âge. » (p. 37) Elles partent avec Sosûke vers les montagnes, dans un petit village perché, pour fonder la famille Takashima qui aborde fièrement un pavillon multicolore sur son toit. « Ce drapeau arc-en-ciel, c’était la voix muette de notre famille. » (p. 50) Par miracle, Chiyoko accouche de l’adorable Takara, bébé qui achève de composer une famille unie par l’amour, la patience et la tolérance. « La famille Takashima a décidé de continuer à vivre sereinement, tournée vers l’avenir. Sans rien revendiquer, comme une petite plante qui prendrait discrètement racine dans le sol. Puisque nous ne faisions rien de répréhensible, nous pouvions suivre la voie qui était la nôtre. » (p. 91 & 92) Les années passent et la famille ouvre une maison d’hôtes où l’écoute et la compréhension vont toujours de pair avec un bon repas qui remplit le corps et les cœurs.

Comme Le restaurant de l’amour retrouvé, ce roman propose une morale simple, mais certainement pas simpliste. Le récit est doux et tendre, apaisant et réconfortant. En dépit de l’hiver, de la neige et des difficultés à s’afficher ouvertement, les deux femmes vivent avec bonheur une existence choisie et assumée. Et elles comprennent qu’elles doivent se faire accepter avec patience. Avec un dernier tiers moins « Bisounours » que le début, plus sombre, mais plus vrai et encore plus bouleversant, le roman s’achève sur une image d’une grande beauté, pleine de lumière. Derrière les grandes espérances, la réalité rattrape et meurtrit le bonheur : en le déformant un peu, elle le rend d’autant plus précieux. « La main que j’avais retirée de celle de la jeune fille était toute moite. Exactement comme si je tenais serrées dans mon poing les larmes qui coulaient sur ses joues. » (p. 5) La narration passe d’un personnage à un autre, chacun comblant les oublis ou les silences des précédents jusqu’à composer un récit arc-en-ciel et chatoyant.

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