L’Évangile selon Youri

Épreuves non corrigées du roman de Tobie Nathan.

Élie a perdu le goût d’exercer dans le centre d’ethnopsychiatrie qu’il dirige. Quand il rencontre Youri, un jeune garçon roumain, tout change. « Lorsqu’un visiteur fait irruption dans notre monde, la lumière change de couleur, on ne sait plus d’où souffle le vent, les arbres – surtout les arbres, changent d’inclinaison et un son, presque imperceptible, une sorte de tintement, accompagne le pas des promeneurs. » Des évènements étranges et extraordinaires surviennent quand Youri est là : les murs tremblent ou s’abaissent, des cœurs radicalisés retrouvent le chemin de la compassion et de la vraie foi, des êtres sont sauvés contre toute attente. Youri serait-il un nouveau messie, voire un nouveau dieu ? « Il faut prendre garde aux étrangers ; parmi eux se cachent des êtres d’exception. »

Je me refuse à déflorer davantage l’intrigue de ce roman sublime et spirituel qui ironise avec brio sur la politique, la société, la religion ou le couple. « En vérité, nous n’y comprenons pas grand-chose. L’Histoire néanmoins nous incite à être attentifs à certains évènements de nature religieuse. La naissance d’un nouveau dieu peut troubler les esprits les plus sensibles. » Mais avant de vous laisser avec quelques extraits magnifiques, je dois dire que je suis parfaitement en accord avec le récit et son message. Dans un monde en perte de repères et en perte de confiance, il n’est pas si inepte de voir advenir un bouleversement spirituel profond. La fantasmagorie religieuse de Tobie Nathan est loin d’être invraisemblable, bien au contraire, et il me plairait de voir le boulevard Arago et le quartier Denfert-Rochereau devenir de nouveaux lieux de culte et de ferveur mystique. Je découvre Tobie Nathan avec ce roman et je vais regarder de plus près le reste de son œuvre : si elle est à l’avenant de L’évangile de Youri, je me suis trouvé une nouvelle obsession et un nouvel auteur à inscrire dans mon Panthéon personnel, aux côtés de Michel Tournier et d’Amos Oz qui sont, à mon sens, les nouveaux Pères de l’Église. Et j’entends par Église une foi sans dogme ni livre saint particulier, simplement une spiritualité humaniste connectée à son époque.

« Enfant hirsute, où es-tu tombé ? Ici, le monde est sens dessus dessous. Tu n’y gagneras que des coups. Va-t’en ! Fuis pendant qu’il est encore temps. Prends les jambes à ton cou ! »

« La solitude d’un enfant – la vraie ! – lorsqu’il ne crie ni n’écoute, oui, c’est un appel de Dieu. »

« Les migrants, vois-tu, venus d’un monde oublié, fondateur d’un monde à venir, vivent dans le temps du mythe. Le récit de leur vie a la puissance des légendes antiques. » 

« Ce gamin, ce petit gitan crotté à la touffe de corbeau, s’élevait insensiblement jusqu’au ciel, la tête dans les nuages et les pieds tressés aux racines des arbres. »

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