Pendant toute une journée, l’auteur interroge son monde et poursuit le fil de ses réflexions, entre adresse amoureuse et étude des mystères et étrangetés du corps. Il développe des histoires bizarres qui flirtent avec le surréalisme et le symbolisme. Et les photos qui ponctuent l’ouvrage sont à l’avenant : désaxées, floues, penchées.
L’auteur s’en donne à cœur joie avec la mise en page , la ponctuation et parfois avec la conjugaison. Le texte est éminemment poétique, parfois onirique et résolument hermétique. Et, à mon sens, parfaitement inaccessible.
Je vous laisse avec quelques beaux extraits qui ont retenu mon œil un peu plus longtemps.
« j’ai perdu l’ouvre-boîte il est dans ta tête mon amour tous les problèmes sont dans ta tête mais toutes les solutions aussi la vie est si bien faite qu’on n’a presque plus besoin de la vivre »
« Pourquoi est-il si facile de vivre sans se comprendre et si difficile d’aimer ce qu’on ne connaît pas du tout ? Est-ce qu’on est aveuglé par les questions qu’on a sous les yeux ? Est-ce que les poches qui se forment sous nos yeux au fur et à mesure que nous vieillissons sont pleines de questions irrésolues ? Où se cachent les exclamations ? Dans la tête ? Dans le ventre ? Est-ce que les questions et les exclamations peuvent cohabiter ? »
« Aujourd’hui j’ai parlé à une peau. Elle a rougi, j’ai eu du bol. Ce n’est pas tous les jours qu’on fait effet. »
« quand on écrit, on touche on exerce une pression sur ce qui ne se voit pas sur ce qui ne se dit pas.. on relâche légèrement la main pour s’assurer que le mot est resté vivant l’assassinat est une pratique courante en littérature mais les textes encadavrés restent vifs leur existence ne dépend pas des mots dont ils sont jonchés ils risquent seulement d’être un peu moins visibles »
Ouvrage lu dans le cadre du Prix « Écrire la photographie » organisé par la librairie lilloise Place Ronde.