Témoignage de Charlotte Peyronnet.
L’autrice raconte son alcoolisme, de 13 à 30 ans. 17 ans de consommation excessive, problématique, dangereuse. « Si je suis capable d’écrire ces lignes, c’est que je suis sobre. Attention ! Je n’ai pas choisi d’arrêter de boire, JE N’AI PAS EU LE CHOIX. C’était soit ça, soit la mort. » (p. 12) Ce que Charlotte Peyronnet nous donne à lire, c’est le journal de son addiction, ce qui a construit son alcoolisme, événement après événement. « La maladie alcoolique est le résultat d’interactions entre nos gènes et notre environnement. » (p. 46) L’autrice nous offre son récit fluide, lucide et sincère, et son regard sur l’alcoolisme au féminin.
Alors, son histoire, c’est quoi ? C’est celle d’une gamine de bonne famille qui prend son premier verre lors d’un repas de famille, qui enchaîne les soirées très arrosées, puis les années d’études à se torcher plusieurs soirs par semaine. Premier boulot, exaltant et stressant, et toujours plus de raisons de boire : prouver qu’elle tient l’alcool, qu’elle sait faire la fête, qu’elle n’est pas une Parisienne coincée. « C’est apparemment une manière d’emmerder le monde que de picoler quand on est une nana. Tant mieux, car j’aime bien ça, moi, emmerder le monde. » (p. 75) De murge en murge, après le premier coma éthylique, la honte lui colle à la peau. OK, elle sait boire, beaucoup, souvent, mais elle sait surtout que, sans la boisson, elle ne fonctionne pas. L’escalade est méthodique, calculée, jour après jour, heure après heure. « Mon alcoolisme, je l’ai construit. Sournoisement. Verre après verre. » (p. 13) Charlotte Peyronnet raconte combien il lui a été difficile de s’avouer sa propre maladie, de demander de l’aide et d’accepter les mains tendues. Elle reconnaît surtout son talent à mentir, dissimuler, faire semblant, donner le change, se trouver des excuses : tous les synonymes, elle les maîtrise !
Ce témoignage, c’est aussi la manière de Charlotte Peyronnet d’interpeler son lectorat sur sa consommation d’alcool et sa motivation à en boire. « L’alcool est quand même la seule drogue pour laquelle on va te dire que tu as un problème si tu n’en prends pas. » (p. 91) Cette seule phrase est d’une justesse confondante : implicitement, elle questionne le statut quasi sacré du vin, fierté nationale française, et l’insuffisance d’encadrement et de prévention autour de l’alcool, drogue légale si facilement accessible. Pendant une période, j’ai eu une relation compliquée à l’alcool pendant une relation amoureuse elle-même compliquée (pour faire simple, je buvais parce qu’il buvait). Après cette histoire tout à fait foireuse, il m’a fallu plusieurs mois pour réapprendre à boire parce que j’en avais vraiment envie. Ma chance est que deux bières suffisent à me rendre très pompette et que je n’aime pas trop cet état (pas trop fan du lâcher-prise, mais c’est un autre sujet…) Lecteur, lectrice, si tu penses avoir un problème avec l’alcool, n’attends pas, parle-en à tes proches, à ton médecin, à qui tu veux, mais prends soin de toi.