Roman de Lauren Bastide.
Un matin de juin 2060, une très vieille femme se réveille. Au gré de sa journée, à mesure que la température n’en finit pas de monter, elle vaque à ses occupations, sans déroger à sa routine, laissant les souvenirs affluer. Ce jour, c’est celui de la Fin du Monde, littéralement. Alors, c’est l’occasion ou jamais de passer en revue ce qui s’est passé. Dans les années 2020, la pollution est devenue hors de contrôle, l’eau potable a disparu par endroit tandis que le niveau des océans a commencé à monter irrémédiablement. En France, un régime fasciste a pris le pouvoir. « L’extrême-droite avait pris le pouvoir en 2027 et ne l’avait jamais rendu. » (p. 38) Délaissant son confort bourgeois, la femme, alors encore jeune, s’est transformée en militante féministe et écologiste. Elle en a payé le prix fort et, désormais âgée et sans projet, elle ne veut que le calme. « Elle ne veut plus combattre […]. Elle veut qu’on la laisse avec son espérance morte et ses vieilles chansons. » (p. 29)
Cette dystopie est tellement crédible qu’elle est finalement un message d’alerte : voyez ce qu’il ne faut pas faire si vous espérez vous en sortir ! Sous l’égide de Virginia Woolf, avec un air certain de Mrs Dalloway et du stream of consciousness, ce court roman se déploie au rythme des heures. L’atmosphère angoissante et oppressante m’a aussi rappelé Dans la forêt de Jean Hegland et Le mur invisible de Marlen Haushofer. De Lauren Bastide, j’ai déjà lu Présentes et La poudre : il est évident que l’autrice connaît ses lettres, surtout celles des autres femmes !