Roman de John Langan.
Abe et Dan, collègues de travail, unis dans la douleur partagée du veuvage, passent leurs week-ends à pêcher. Un jour, poussés par Dan, ils se rendent à Dutman’s Creek, au nord de l’état de New York. Les lieux font l’objet d’une légende noire qui se transmet depuis plus d’un siècle, autour du réservoir créé par la construction d’un barrage qui a noyé une vallée et onze villes. Bien des indices devraient dissuader les deux amis de se livrer à cette partie de pêche, mais parfois, le destin est tellement sombre que rien ne peut le sauver.
Abe s’adresse à un·e hypothétique lecteur·ice et lui raconte la terrible histoire qu’il a vécue, 10 ans plus tôt. « Certaines choses sont si mauvaises que le simple fait de vous en être approché vous salit, laisse une souillure dans votre âme, comme une parcelle de forêt où rien ne pousse. Pensez-vous qu’une simple histoire puisse porter un tel mal en elle ? » (p. 11) Le récit d’Abe contient celui d’Howard qui contient celui du révérend Mapple qui contient celui de Lottie Schmidt qui en contient plusieurs autres. Ces histoires enchâssées créent un effet dilatoire : à mesure que l’on remonte le temps avec les témoignages, on s’éloigne de ce qui est arrivé à Abe et Dan, mais on comprend ce qui les attend s’ils s’entêtent à aller pêcher dans la rivière du Hollandais… « Parlons-en, de ces détails. Si, comme le veut le proverbe, le diable s’y cache, alors la moitié de l’enfer se presse entre les lignes de ce récit ? » (p. 243) Il y a quelque chose de Stephen King dans le rythme de la narration et le style, et évidemment dans l’occultisme et le surnaturel qui baignent le roman. La première phase renvoie immédiatement à Moby Dick et convoque un imaginaire fait de pêches épiques et de poursuites d’une bête fabuleuse. Aucune de mes attentes n’a été déçue pendant cette lecture qui m’a emballée et emportée pendant quelques heures, bien protégée sous un plaid.
Je ne sais pas si ça me plairait mais tu as l’air emballée !
Oui, j’ai passé un excellent moment !!!