Bande dessinée de Romain Dutter et Simon Géliot. D’après le roman de Sorj Chalandon.
Le 27 décembre 1974, la fosse 3bis de Saint-Amé dans la mine de Liévin est soufflée par un coup de grisou. 42 mineurs y perdent la vie. Non, 43 : il y aussi Joseph, Jojo, qui meurt des semaines plus tard, à l’hôpital. Mais personne ne reconnaît cette mort : aucun hommage pour Jojo, aucune reconnaissance pour la famille. Michel, le petit frère, dévasté par la disparition de ce frère adoré, jure d’obtenir justice pour les siens. « J’allais venger mon frère, mort en ouvrier. Venger mon père, mort en paysan. Venger ma mère, morte en esseulée. J’allais tous nous venger de la mine, nous laver des houillères. Des crapules qui n’avaient jamais payé leurs crimes. » (p. 91) Toutefois, derrière la vengeance, il y a la terrible histoire d’un gamin arraché à l’enfance.
J’ai retrouvé dans cette bande dessinée la force féroce du Jour d’avant écrit par Sorj Chalandon. Les images donnent au texte une dimension nouvelle, avec des camaïeux différents selon les époques du récit. J’ai une admiration immense pour Sorj Chalandon et j’aime d’autant plus quand il parle du Nord, ma région d’adoption et de cœur. La bande dessinée montre les terrils, le paysage marqué par le travail ouvrier et des vestiges industriels lourds de mémoire. « La mine n’a aucune pitié pour l’homme. Même lorsqu’il remonte au jour, le mineur n’est qu’un survivant. » (p. 191) Le dossier documentaire en fin d’ouvrage est riche de témoignages, de souvenirs et d’archives. Écrire pour ne pas oublier, dessiner pour honorer : ce sont deux faces d’un même hommage aux victimes de la fosse 3bis de Saint-Amé et à tous les morts de la mine.
Ah, mais je vois que tu l’as lue toi aussi !
Je ne pouvais pas passer à côté !