Bande dessinée de Simon Hureau
L’auteur, sa femme et leur fille emménagent dans une maison dotée d’un grand jardin. L’envie de nature était à la base du projet immobilier, une tentative de lutter contre l’effondrement de la biodiversité dans nos sociétés ultra urbanisées. « Pourquoi personne ne dit qu’il est si facile de la favoriser, voire de la restaurer, la générer ? » (p. 5) Patiemment, au fil des saisons, Simon et sa famille restaurent le jardin, le nettoient, l’enrichissent de nouvelles espèces et creusent une mare pour créer un biotope aquatique. « Au fond, c’est assez basique : plus la diversité végétale augmente, plus la faune rapplique et se diversifie. » (p. 31) Évidemment, pas question d’utiliser des produits chimiques, ou le moins possible! La petite famille se fait aussi une spécialité de récupérer tout ce qui peut l’être, en sauvant des choses utiles de la benne et en pensant au cycle de la nature. « Avoir un jardin, c’est aussi pouvoir réduire le volume de ses déchets en compostant ses épluchures. » (p. 26)
L’auteur agrémente ses planches de croquis richement colorés d’oiseaux et d’insectes en tout genre, dressant un catalogue naturaliste qu’il est passionnant de parcourir. « J’aime être le spectateur – et l’acteur – de cette prodigieuse porosité entre le domaine domestique du jardin privé et le flux aléatoire du sauvage qui s’invite joyeusement et sans vergogne ! » (p. 108) J’aime la façon dont Simon Hureau présente son action, sans moralisation. Il fait des constats, tente à sa mesure de les combattre et se réjouit des réussites dont il est un humble rouage. « Je ne sauverai pas la planète, mais sur notre modeste parcelle d’écorce terrestre, la vie va plutôt bien. » (p. 113) Sur ce dernier point, je me permets une position divergente : oui, il faut que les états agissent, mais si chaque individu fait un geste pour la biodiversité, on a peut-être une chance de la sauver.