« Roland n’avait rien fait pour moi de son vivant, alors pourquoi je ferais quelque chose pour lui après sa mort ? » (p. 10 & 11) Le narrateur est bien embêté depuis la mort de son voisin : il a récupéré son vieux caniche et doit organiser les funérailles d’un homme solitaire, fan de Mirelle Mathieu et que personne ne semble vraiment connaître. Lui-même solitaire et un peu paumé, le narrateur est un homme cynique et désabusé. « Elle me suit partout. Elle reste au pied de mon lit. Elle m’observe en train de dormir. Mirelle est un concept assez effrayant. » (p. 63 & 64) Mireille est le caniche de Roland et elle est aussi encombrante que l’urne funéraire pleine de cendres dont le narrateur ne sait que faire. L’abandonner dans le bus ? La verser sur des platebandes ? La faire passer pour un cadeau lors d’un anniversaire-surprise ? Finalement, en s’occupant de son voisin mort, le narrateur rompt sa propre solitude et se rouvre à la vie. « Roland est mort et il me colle à la peau. Il s’en est allé, mais il n’a jamais été aussi proche. » (p. 121)
Ce court roman est bourré d’humour noir et de phrases vachardes qui font hurler de rire. Les femmes avec une coupe au bol en prennent un peu pour leur grade. Les caniches qui puent aussi. Mais sous l’acidité de l’humour se cache un joli message : il faut aller vers les autres avant qu’il soit trop tard et ne jamais refuser un cadeau inattendu : c’est parfois le coup de pouce qui manquait pour reprendre les rênes de sa vie.