Roman de Toni Morrison.
Sur la côté Est des États-Unis, Bill Cosey, Noir qui a réussi, possède un hôtel où se retrouvent les Noirs fortunés. Amateurs de femmes et de plaisirs, il est l’homme à qui tout réussit, celui que l’on admire, celui que l’on sollicite, celui que l’on envie. À sa mort, les femmes qui ont traversé sa vie se disputent un héritage qu’un testament ambigu rend indéchiffrable. Il y a May, la belle-fille, l’épouse du fils adoré mort trop tôt, la femme qui a tenu l’hôtel pendant des années. Il y a Christine, la petite-fille, l’enfant de May et de Billy Boy, celle qui veut obtenir l’héritage que le sang lui reconnaît. Il y a Heed, la femme-enfant, épousée alors qu’elle n’avait que 11 ans, l’épouse-jouet qui veut obtenir les biens laissés par le mari mort. Il y a aussi Vida, l’employée reconnaissante, L, la cuisinière et figure imposante de l’hôtel, Célestial, la beauté cachée, la femme ultime. Il y a enfin Junior, gamine des rues qui entre dans la maison où Heed et Christine alimentent une haine qui dure depuis leur enfance. Dans la demeure aux pièces poussiéreuses et encombrées, Junior avive et résout les animosités.
Love, c’est « une histoire qui montrerait comment des femmes dévergondées pouvant mettre à terre un homme bon. » (p. 19) Un homme bon ? Chaque chapitre porte un intitulé qui révèle le lien avec une femme en particulier: l’ami, le père, l’amant, etc. Bill Cosey est un homme généreux, un homme franc et ouvert. Bill Cosey dissimule aussi des secrets des vices que toutes les femmes de sa vie ont découvert. Chacune a son propre portrait d’un homme solitaire. Love, c’est une déclinaison du sentiment. Les personnages du roman aiment et détestent, et ils aiment détester.
Love, c’est aussi l’histoire des Noirs aux États-Unis, de la ségrégation et des préjugés. L’écriture de Toni Morrison sublime l’histoire afro-américaine et l’histoire de femmes unies dans la même haine et autour de la même blessure. Je découvre l’auteure avec ce roman. Aucun doute que je poursuivrai ma découverte. Et encore une fois, 10-18 m’a séduite avec un texte de qualité !