Camille et son frère Malo partent faire les vendanges en Champagne, sur le domaine de Vaux. L’exploitation appartient à Andreas, qui vit reclus dans sa folie depuis un terrible accident de voiture, et elle est gérée par Octave, gravement défiguré par le même accident. Pour les deux hommes meurtris, Camille est un fantôme tant elle ressemble à la femme qu’ils ont perdue. Immédiatement, Malo voit d’un mauvais œil l’attention morbide qu’Octave porte à sa jeune sœur, « ce regard avide et dérangeant qu’elle cherche en même temps qu’il l’intimide, […], et qui la dévore. » (p. 85) Après une terrible dispute, Malo disparait. Camille est persuadée qu’il lui est arrivé malheur et qu’Andreas ou Octave sont responsables de sa disparition. Son entêtement à retrouver son frère l’entraîne hélas dans des entreprises de plus en plus dangereuses. Cours, jolie Camille, le monstre n’est pas loin.
Dans son second roman, Sandrine Collette traite l’horreur sur un mode différent de son premier opus. Des nœuds d’acier plongeait le lecteur dans la terreur de la claustration et l’humiliation permanente. Ici, la peur est latente et s’insinue peu à peu, contaminant toute chose jusqu’au fracassant final. L’histoire est bien construite, mais je n’ai pas été convaincue par la variation opérée sur le mythe littéraire de la belle et la bête. Certes, Camille est « envoûtée par l’attraction qu’exercent les monstres et qui fait qu’on ne peut pas s’empêcher de les regarder, ni de croire qu’ils pourraient se transformer en princes et être sauvés. » (p. 86) Mais cette attirance sordide est trop artificielle pour que j’aie réussi à y croire. Dans l’ensemble, ce roman est plaisant et se lit sans peine, mais il ne m’a pas vraiment convaincue.