Bande dessinée de Bernard Swysen.
Le 27 février 1802, Victor-Marie Hugo voit le jour à Besançon. De son enfance ballotée entre Marseille, la Corse, Paris et l’Italie, tiraillé entre ses deux parents pareillement adultères, Victor Hugo garde une peine secrète, celle de ne pouvoir accommoder toutes les personnes qu’il aime. Il en ira de même avec les femmes de sa vie, Adèle Foucher et Juliette Drouet, l’épouse et l’amante. Dans la sphère publique, Victor Hugo est d’abord un royaliste conservateur avant de devenir farouchement bonapartiste, mais anti Napoléon III : du lys à l’aigle, l’auteur célèbre ses idéaux politiques à grand renfort d’odes et de poésies. « La poésie, c’est l’expression de la vertu ; une belle âme et un beau talent poétique sont presque toujours inséparables. Les vers seuls ne sont pas la poésie. La poésie est dans les idées et les idées viennent de l’âme. Les vers ne sont qu’un revêtement élégant sur un beau corps. » (p. 30) Très tôt écœuré et engagé contre la peine de mort, il prône l’éducation au lieu de la répression. Exilé par l’empereur, mais adoré par le peuple, lui, le chef de file des romantiques et le défenseur des libertés, devient légendaire de son vivant.
Cet ouvrage est très complet, très dense, à tel point que certaines planches sont sensiblement indigestes. Bernard Swysen a voulu tout représenter de l’homme, de l’auteur et du politicien. Aussi passionné dans ses affaires privées que sur la place publique, Victor Hugo n’est pas un personnage que l’on traite en quelques pages et il me semble que cette biographie dessinée aurait gagné à être présentée au moins en deux volumes. Le dessin est très classique et permet une reconnaissance aisée des personnages : qu’il s’agisse de la famille Hugo ou des personnalités qui ont partagé la vie de l’écrivain, les visages sont nets, mais je déplore des expressions parfois juste ébauchées ou au contraire presque caricaturales. Le livre s’achève sur un livret biographique, bibliographique, iconographique et historique tout à fait intéressant et bien plus digeste que certaines pages. Cette œuvre reste un bel ouvrage, mais je la déconseille aux lecteurs qui voudraient découvrir Victor Hugo : il faut déjà connaître l’auteur et ses engagements pour ne pas se perdre au milieu des planches.