Bande dessinée d’Alain Ayroles et Jean-Luc Masbou.
Pour retrouver mon avis sur les 10 premiers actes de cette fabuleuse saga en bulles, cliquez sur le lapin !
La question est sur toutes les lèvres depuis l’entrée en fanfare, dans l’acte I, du petit Eusèbe, lapin condamné aux galères : quelle est son histoire ? Pour connaître le crime dont il est accusé et la punition dont il est affligé, il fallait tout reprendre depuis le début. « Je me rends à Paris muni d’une lettre de recommandation de la main de mon père destinée à Monsieur de Roquefort afin que celui-ci m’intègre dans une de ses compagnies de gardes des cardinaux. » (p. 4) Eusèbe est donc un provincial venu tenter sa chance dans la capitale. Mais tout tourne mal bien avant Paris. Eusèbe s’attire les foudres du grand Veneur, Monsieur de Limon qui, bientôt promu à de plus hautes fonctions, n’aura de cesse d’exprimer sa vindicte envers le plus mignon petit lapin jamais vu dans une bande dessinée. Comme de bien entendu, les gardes du Cardinal s’opposent aux mousquetaires du Roi. De la casaque pourpre à la casaque azur, ou même couvert de chaînes, Eusèbe n’a de cesse de prouver sa valeur.
Dans le premier volet de ce dyptique qui rend hommage à Eusèbe, on croise également des personnages fascinants, comme Colvert, roué ministre comploteur, ou Monsieur de Lisière, poète affamé. Il est d’ailleurs grandement question de poésie dans cet album, sous toutes ses formes : épigrammes, sonnets ou pamphlets, la muse n’en finit pas d’être titillée. Et même Eusèbe s’y met : « Le soir dans le jardin, je dîne de carottes / Dont je fais au matin un chapelet de crottes. » (p. 46) Charmant, n’est-ce pas ? Mais Eusèbe n’est pas qu’un poète, c’est aussi un ambitieux, à sa manière. « Il ne me reste plus, pour devenir un parfait lapin du monde, qu’à me procurer une maîtresse et un bel habit ! » (p. 48) Hélas, les grands plans de notre ami aux longues oreilles ne vont pas se dérouler comme attendu. Le voilà en bien fâcheuse posture à la fin de ce onzième opus et ses retrouvailles avec un personnage qui n’a pas encore fait son entrée sur scène ne s’annoncent pas sous les meilleurs augures.
De Vingt ans après à Vingt mois avant, la référence à Alexandre Dumas crève la page et nous promet une belle plongée dans les romans de cape et d’épée, là où les mousquetaires croisent le fer et où les complots s’ourdissent dans l’ombre. Parfaitement à la hauteur des dix précédents volumes, cet opus célèbre la littérature classique, mais également l’humour. Le neuvième art n’est pas loin d’avoir trouvé son fleuron.