Roman jeunesse de Jean-Côme Noguès. Illustrations de Chantal Cazin.
Martin est un des fils du bûcheron Brichot : les ventres crient souvent famine dans l’humble demeure et il faut travailler durement pour gagner son pain. Cela n’empêche pas le jeune gardien d’oies d’avoir un rêve, « cette grande envie qu’il avait, lui, pauvre petit paysan, de posséder un oiseau qui lui appartiendrait, un oiseau magnifique qui ne tuerait que pour vivre et qui ne se poserait sur le poing que pour obéir à l’amitié. » (p. 15) Le jour où il déniche un jeune faucon, il décide de le garder en secret et de l’élever libre pour qu’il partage ses jeux. Hélas, le fauconnier du château ne le voit pas de cet œil : le faucon hobereau en question est un superbe animal qu’il destine au seigneur Guilhem. Il va en faire une machine à tuer sur commande. Séparé de son cher oiseau et jeté dans une geôle, Martin est malheureux et révolté par tant d’injustice. Quel besoin le seigneur a-t-il d’un autre faucon ? Est-il juste que les nobles du château tuent pour se distraire des dizaines de lièvres et de perdrix alors que les serfs, au village, ont faim et subissent la menace des envahisseurs ? L’audace et le courage de Martin n’auront alors d’égales que sa tristesse et son amitié perdue.
J’ai lu ce roman en CM1 avec une enseignante qui était très exigeante, passionnée par son métier et dotée d’une forte volonté de transmettre. Cette « maîtresse » n’est pas pour rien dans ma passion des livres : elle m’a poussée vers une version jeunesse de La chanson de Roland et a souvent encouragé mon envie d’écrire. Je n’ai jamais oublié ce roman de Jean-Côme Noguès et je savais que je voulais le relire. Le voilà qui tombe dans mes mains et je reviens des années en arrière, dans une classe d’école primaire où j’avais tout à apprendre. Le plaisir et l’émotion de la lecture sont intacts et j’ai savouré ce très bon texte pour enfants. Avec son vocabulaire riche et sa grammaire complexe mais accessible, Le faucon déniché prend les jeunes lecteurs pour ce qu’ils sont : des esprits curieux et intelligents qui peuvent comprendre un texte même si des mots ou des tournures de phrases leur échappent. Non à l’abêtissement ! Et une chaude recommandation pour ce roman qui parle d’amitié animale, de courage et d’injustice.