Edward Trencom est le digne héritier d’une lignée de fromagers londoniens qui ont les faveurs de la cour d’Angleterre. Doté d’un nez extraordinaire capable de reconnaître toutes les odeurs et d’identifier n’importe quel fromage, voire le nom de la vache qui a fourni le lait nécessaire à sa fabrication, Edward Trencom a tout pour être heureux. « Il avait toujours su que le nez des Trencom possédait des pouvoirs surnaturels et il en avait maintenant la preuve. « (p. 138) En effet, Edward s’interroge depuis longtemps sur les origines de sa famille et de ce nez à la protubérance étonnante. « C’était une sphère parfaite, perchée sur une arête idéale. » (p. 81) Tout commence en 1666 quand le grand incendie de Londres détruit la première fromagerie Trencom. « C’est étrange, mais des accidents se produisent à presque toutes les générations. » (p. 31) L’appendice nasal des Trencom semble porteur d’une malédiction qui se transmet de père en fils. Le mystère obsède Edward qui se plonge dans les archives familiales et découvre qu’à chaque génération, un Trencom est mort dans des circonstances étranges en Grèce ou en Turquie. Mais que diable allaient-ils faire dans ces contrées ? Et voilà qu’Edward commence à loucher du côté de l’ancienne Byzance, ce qui n’est pas du goût de sa jolie épouse qui n’apprécie pas les menaces qui pèsent sur son tendre fromager.
Ce roman DONNE FAIM, surtout quand on aime le fromage comme je l’aime, à la passion, à la folie ! « Une odeur […] lui causait la plus délectable des sensations : une odeur de fromage. Ses narines frémissaient et picotaient de plaisir en la reconnaissant. » (p. 13) Les aventures byzantines d’Edward sont passionnantes, même si l’intrigue traîne un peu en longueur dans les cent dernières pages et que les répétitions finissent par lasser. D’un siècle à l’autre, d’un Trencom à un autre, on se rapproche du grand secret qui entoure le secret des origines de cette famille. La fin est hélas un peu abrupte en dépit du prologue. Je suis donc restée un peu sur ma faim à propos de l’intrigue, mais je me suis régalée avec les descriptions de fromages, notamment le fameux touloumotyri, ce fromage qui tient plus de la chèvre que du produit laitier. (J’EN VEUX !!!)
Dernière question : que se passe-t-il dans la cave d’un fromager la nuit ? « Le parfum dominant était celui des cancoillottes. ‘Vous avez encore fait les coquines cette nuit.’, dit Edward, taquin, avec un petit rire entendu. Il agita le doigt vers la Franche-Comté. ‘Oh ! oui, je le sais. Allons, ne prétendez pas le contraire. Vous êtes allées courir le guilledou avec les morbiers.’ » (p. 110) Cancoillottes, morbiers, époisses, j’en redemande !