L’été de ses 14 ans, Francesca, dite Franky, découvre une force nouvelle en elle. Elle lui donne le nom de Zarbie : cette puissance intérieure l’aide dans des situations critiques. Franky assiste également à l’inexorable éloignement de ses parents, entouré d’une tension et d’un danger palpables. Le père est une figure adorée autant que redoutée, dont les crises de rage sont imprévisibles et terrifiantes. Quant à la mère, elle s’isole dans un mystère qui ne sera percé que trop tard. « Elle devra vivre avec la décision qu’elle a prise. Nous ne pourrons jamais le lui pardonner. » (p. 87)
Je n’en dis pas beaucoup plus pour ne pas épuiser toute l’intrigue de ce court roman. J’apprécie hélas assez peu les textes que Joyce Carol Oates écrit pour la jeunesse. Ils me semblent tous manquer de puissance, surtout en comparaison des autres romans de l’autrice. Un bon point pour les prétéritions habiles qui sont annonciatrices du pire et tiennent en haleine. À mesure de la lecture, on comprend que le récit porté par Franky a des airs de déposition, de témoignage. Que s’est-il donc passé le 26 août ? Comment Franky pourra-t-elle surmonter le drame auquel elle sera confrontée ? « Oui, il faut parfois accepter d’être puni pour avoir fait ce qu’il fallait. » (p. 66)
Zarbie, c’est Franky, mais plus forte, plus audacieuse. C’est le pouvoir de l’adolescence canalisé et décuplé pour protéger ce qui reste de l’enfant et assurer la marche de la jeune fille en devenir. « Mais je n’étais pas cinglée. Je le savais. J’étais plus forte qu’avant, je m’assumais mieux. Je m’aimais plus que je ne m’étais jamais aimée depuis que j’étais petite. » (p. 39) Franky/Zarbie est un beau personnage d’adolescente en construction, mais je préfère définitivement les héroïnes des romans adultes de Joyce Carol Oates.