Épreuves non corrigées du premier roman de Philip Lewis.
« Je suppose que j’ai de la chance que mes parents se soient rencontrés et aient éprouvé suffisamment d’attirance l’un envers l’autre pour avoir des enfants. Je me rends pourtant compte aujourd’hui qu’il eût mieux valu pour eux que ce ne soit jamais arrivé. » En Caroline du Nord, une famille vit et tente de s’éloigner, sans y parvenir, de la ville d’Old Buckram et d’une vieille et grande maison maudite. Henry Aster fils raconte son enfance et la disparition de son père, puis sa jeunesse étudiante loin des siens, avec un remords persistant. À l’université, il s’éprend de Story dont le passé est plutôt flou. Il leur faudra un long chemin pour apaiser leur cœur, résoudre leurs histoires familiales respectives et se tourner résolument vers le futur en embrassant pleinement le passé. « J’ignore pourquoi diable je suis revenu. Je sais à présent que l’on ne peut jamais complètement partir. »
À Old Buckram, il règne une ignorance butée et bornée qui va jusqu’à l’autodafé. « Tu ne l’as pas lu ? […] / Non, je ne l’ai pas lu, […] et je n’en ai pas l’intention. […] Mais je sais ce qu’il y a dedans ! » Quant à la mélancolie lourde et noire qui pèse sur la famille Aster, elle découle d’une impossibilité à exprimer ses sentiments, et ce alors que chacun a été nourri de littérature et est parfaitement capable de sonder son âme. « J’écris […] parce que c’est l’une des seules choses qui me semblent réelles. »
Les jours de silence est un premier roman d’une immense qualité, très bien écrit et dans la droite ligne de grands auteurs classiques du sud des États-Unis. C’est brutal, âpre et poussiéreux, et forcément très beau et délicat. Je serai très étonnée que ce roman passe inaperçu au sein de la rentrée littéraire 2018. « Avant de brûler des livres, ouvrez-les au moins, et jugez par vous-mêmes. »