L’histoire de Pi

Roman de Yann Martel.

Pi Patel a grandi à Pondichéry, dans le zoo familial. Fasciné par les animaux, mais aussi par toutes les religions, l’enfant entretient une vie intime foisonnante. À la fin des années 1970, la famille décide de quitter l’Inde de Madame Gandhi pour le Canada : là-bas, une nouvelle vie est possible. Hélas, pendant la traversée, le cargo sombre. Pi doit son salut à un canot de sauvetage dans lequel le cuisinier l’a jeté. « J’étais seul, orphelin au milieu du Pacifique, suspendu à une rame, un tigre adulte devant moi, des requins sous moi, au centre d’une violente tempête. » (p. 151) Outre le tigre, le rafiot accueille une hyène, un zèbre et un orang-outang. Cette arche qui n’a rien de celle de Noé est trop petite pour autant d’êtres vivants. « L’écosystème de ce bateau de sauvetage était décidément déconcertant. » (p. 171) Toutefois, très vite, il ne reste que l’adolescent et le fauve. Chacun doit composer avec la présence de l’autre, autant encombrante qu’indispensable. « Quitter le bateau, c’était la mort certaine. Mais rester à bord, c’était quoi ? » (p. 204) Pi Patel endure, entre résignation et espoir ténu, sept mois de naufrage et de dérive. Il doit vivre, à tout prix, même s’il sait que tous les siens ont péri. « J’ai survécu parce que j’ai oublié jusqu’à la notion du temps. » (p. 259)

Le frêle jeune homme face au royal félin, dans une coque de noix livrée aux caprices de l’océan, voilà une histoire bien improbable. Faut-il y prêter foi ou chercher un récit plus pragmatique ? La seule réponse est que, confronté à l’horreur et à l’indicible, l’esprit se préserve comme il le peut. « Il fallait que je l’apprivoise. C’est à ce moment que j’en ai découvert la nécessité. Ce n’était plus une question de lui ou moi, c’était une question de lui et moi… Nous étions, littéralement et figurativement, dans le même bateau. Nous allions vivre – ou nous allions mourir – ensemble. » (p. 224) Après des années à reculer – pour des raisons qui m’échappent – devant la lecture de cette odyssée indienne, je n’ai pas boudé mon plaisir et j’ai dévoré les quelque 400 pages en un après-midi, impatiente de savoir comment s’achèverait le voyage marin de Pi.

Ce contenu a été publié dans Mon Alexandrie. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.