Vierges – La folle histoire de la virginité


Bande dessinée d’Élise Thiébaut et Elléa Bird.

« Parce qu’elle blesse, stigmatise, traumatise de nombreuses personnes, on peut se demander pourquoi la virginité est un tel enjeu culturel et social. » (p. 44) Évidemment, la seule virginité qu’il faut préserver, c’est celle de la fille : le garçon, lui, a tout intérêt à s’en défaire rapidement et à multiplier les partenaires pour prouver sa virilité. Élise Thiébaut raconte sa relation à sa propre virginité quand, adolescente, elle cherchait absolument à s’en débarrasser. Ce faisant, elle interroge ce que cela signifie d’être vierge et de ne plus l’être. En dessinant une histoire de la sexualité des femmes, elle évoque les martyres chrétiennes, les recluses volontaires ou non, la colonisation et les innombrables viols. « La virginité des terres, proclamée par ceux qui revendiquaient de les dominer comme ils dominaient les femmes et les peuples asservis, a été souillée irrémédiablement par ces cultures intensives destinées à l’exportation. » (p. 91) Comment ne pas devenir écoféministe quand on comprend que les hommes ont agi sur le corps des femmes comme ils l’ont fait sur la nature !

Il existe d’autres modèles de sexualités, hélas trop rares, où la virginité des femmes n’est pas un fantasme ni une injonction ou un tabou. C’est un état transitoire qui ne conditionne pas la vie sexuelle féminine. « En fait, une vierge, c’est une femme sans homme. Et comme le disait un slogan des débuts du MLF : une femme sans homme, c’est comme un poisson sans bicyclette. » (p. 9) Avec un humour certain et une grande qualité pour dédramatiser la virginité auprès des jeunes lectrices, les autrices rappellent des évidences. « La seule chose qui fait réellement disparaître l’hymen, c’est l’accouchement. » (p. 29) L’ouvrage parle évidemment de mariage, de première fois et de nuit de noces, mais aussi de mutilations et d’honneur (plutôt mal placé). La virginité n’est pas un symbole, ce n’est pas un impératif, pas plus qu’une tare. À chacun·e de vivre sa sexualité comme iel l’entend, dans la temporalité qui lui convient. « J’ai découvert que cet état pouvait être un chemin de liberté et même un refuge qui, au cours de l’histoire, avait permis à de nombreuses femmes de vivre leurs amours à l’abri des couvents ou des communautés. » (p. 7) Sans surprise, cette bande dessinée prend place dans mon étagère féministe.


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