Stoner

Roman de John Williams.

Tout destinait William Stoner aux travaux de la ferme, y compris les études décidées par son père. Happé par la littérature, le voilà étudiant, puis diplômé en lettres anglaises et enfin professeur à l’université du Missouri. Ce grand garçon, continuellement voûté, encombré de lui-même, systématiquement en décalage avec sa génération et le monde, vieux avant l’âge, avance paisiblement dans l’existence jusqu’à sa mort en 1956, sans rien attendre de particulier. « Son avenir ressemblait à la bibliothèque d’une grande université : on pourrait y ajouter des ailes supplémentaires, de nouveaux livres viendraient y prendre place tandis que d’autres, plus anciens, seraient voués à disparaître sans que rien de tout cela ne changeât sa nature profonde. » (p. 39) Marié trop vite et père frustré, il sait qu’il ne trouvera pas dans la sphère intime le bonheur tranquille auquel il aspire. « Au bout d’un mois, il comprit que son mariage était un échec et au bout d’un an, il cessa d’espérer. » (p. 104) Entre ses livres, ses cours et ses étudiants, il mène une vie calme, presque monastique, entièrement dédiée aux mots et à la littérature qui n’en finit pas de l’émerveiller. Loin des mesquineries des instances universitaires, Stoner poursuit obstinément les mêmes principes, peu préoccupé de mener une existence médiocre et sans ambition. À sa mort, personne ne se souviendra vraiment de lui. « Il se voyait comme un homme un peu pathétique. Le genre de bon garçon que l’on salue bien volontiers, mais de loin… » (p. 256)

Je voulais depuis un moment replonger dans ce roman. Je gardais cette relecture pour le moment approprié, et je l’ai trouvé, ce moment : cette lecture est parfaite en ce début d’automne, pour accompagner l’atmosphère de rentrée qui me rend toujours un peu nostalgique. Le long portrait de Stoner est mélancolique et triste, mais il m’emplit le cœur de douceur. Je me reconnais dans cet homme aimable, effacé, avide d’amour, mais privé de le vivre. Cette fois, je ne donne pas ce roman, je le garde, et je sais déjà que je relirai dans quelques années, et avec un plaisir équivalent.

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2 réponses à Stoner

  1. nathalie dit :

    J’avais bien aimé. C’est un curieux livre avec ce héros qui n’en est pas un, attachant, dont on se sent proche.

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