La couleur du lait

Roman de Nell Leyshon.

Mary a 15 ans. Dans une chambre, en 1831, elle écrit son histoire : les grands événements de sa jeune existence et qui ont précipité sa situation actuelle se concentrent en une seule année, celle qui vient de s’écouler. Comme ses trois sœurs, Mary est sans cesse occupée dans la ferme de son père, un homme cruel et amer de ne pas avoir de fils. Voilà que le révérend Graham cherche une aide pour assister son épouse, femme à la santé fragile. Dans la grande maison, Mary découvre une autre forme de violence, plus insidieuse et policée, mais pas moins traumatisante. « les gens ne voient pas le mal quand il est trop près d’eux. comme la truie dans sa fange. » (p. 54) À choisir entre deux maisons dysfonctionnelles, elle préfère celle où sa place est clairement définie. Avec pour seules forces son franc-parler et son honnêteté brute, Mary tente d’échapper au drame qui se noue au fil de quatre saisons. « ma voix, elle cache rien madame. au moins on sait à quoi s’en tenir avec moi. je crois que je serais incapable de mentir même si on me l’ordonnait. c’est une qualité. » (p. 38)

Dans son récit-confession, Mary promet toute la vérité et des explications. La jeune femme fait montre d’une sensibilité exacerbée et d’une intelligence rare, mais souvent naïve pour raconter l’enchaînement des événements. Son texte est dépourvu de majuscules et ses propos sont simples et fautifs, mais résolument clairs. Il faut attendre pour comprendre et identifier toutes les victimes collatérales des désirs viciés des hommes, mais tout s’éclaire peu à peu. Dans son innocence blessée et rebelle Mary m’a rappelée Captive de Margaret Atwood, et avec sa gouaille pleine de bon sens, elle m’a évoquée Dolores Claiborne de Stephen King. Ces personnages féminins se rencontrent autour d’une même douleur : celle d’être une femme qui fait ce qu’elle peut pour survivre.

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2 réponses à La couleur du lait

  1. Lydia dit :

    Je l’avais aimé celui-ci, bien que déconcertée, au départ, par l’écriture.

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