She – Elle qui doit être obéie

Roman d’Henry Rider Haggard, illustré par Séverine Pineaux.

Sur la foi d’un tesson de poterie, d’un scarabée en céramique et de quelques parchemins, Ludwig Horace Holly et Leo Vincey, accompagnés de Job, dévoué domestique, s’embarquent pour l’Afrique à la recherche d’Ayesha, femme qui pourrait avoir connu l’ancêtre de Leo, des millénaires auparavant. Oui, il est question d’une créature qui défierait le temps, entre sorcière terrifiante et magicienne infiniment séduisante, et qui attend le retour de son amant perdu. « La mort n’existe pas, il n’y a qu’une transformation et, comme vous l’apprendrez peut-être plus tard, je crois que même là, cette transformation peut, dans certaines circonstances, être indéfiniment différée. » (p. 31) Il est aussi question d’une vengeance différée depuis des dizaines de générations et des ravages causés par un amour non réciproque.

Inutile de résumer l’enchaînement incessant de péripéties : naufrage, cannibalisme, safari cruel, combat et long voyage donnent lieu à d’heureuses coïncidences et d’habiles prétéritions pour tenir le lectorat en haleine. Comme le dit le sous-titre original, A History of Adventure, les personnages vivent un périple hors du commun, raconté par un narrateur qui en a eu connaissance. Le témoignage rapporté est un artifice littéraire qui permet toutes les excentricités et les récits les plus extraordinaires. J’ai un faible particulier pour cette forme narrative que je trouve immédiatement dépaysante et propice aux mœurs et aux mystères les plus extravagants. « Dans ce pays, les femmes font ce qui leur plaît. Nous les vénérons et cédons à leur désir car sans elles, le monde ne pourrait durer ; elles sont la source de la vie. » (p. 151) Ici, l’auteur s’en donne à cœur joie avec le courant orientaliste, faisant une peinture débridée et foisonnante d’un continent qui fascine depuis l’Europe sage et policée. Évidemment, ce roman écrit en 1887 est pétri de racisme bon teint, de paternalisme misogyne et d’une vision colonialiste qui fait désormais – à juste titre – grincer des dents.

Et si, n’en doutez pas, vous connaissez Henry Rider Haggard : il est l’auteur des célèbres Mines du roi Salomon et le créateur d’Allan Quatermain. Ayesha est d’ailleurs apparue dans d’autres romans de l’auteur. J’ai bien envie de suivre les aventures de cette héroïne ambigüe, aussi tourmentée que cruelle, belle sans le vouloir, mais habile à jouer de ses charmes. « Un baiser ne laisse pas de traces, sinon dans le cœur. Mais si tu poses tes lèvres sur les miennes, en vérité, je te le dis, ton amour pour moi te dévorera le cœur, et tu en mourras ! » (p. 247) J’ai découvert ce roman grâce à la réédition des éditions Tibert dont j’ai déjà tant apprécié les reprises illustrées de Jane Eyre, Les Hauts des Hurlevent, Les quatre filles du Docteur March et Alice au pays des merveilles. L’objet est de collection, c’est certain ! Et si je ne craque pas à chaque parution, je garde un œil sur les prochains titres à paraître !

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2 réponses à She – Elle qui doit être obéie

  1. LydiaB dit :

    Rien qu’avec le regard, elle t’ordonne d’acheter le bouquin ! 😀

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