
Roman de Sam Savage.
Sous-titre : Histoire principalement tragique d’Andrew Whittaker, réunissant l’ensemble irrémédiablement définitif de ses œuvres complètes.
Andrew Whittaker écrit, beaucoup et à beaucoup de personnes. Il publie des petites annonces, il réprimande ses locataires en retard de loyer, il demande des délais de paiement à ses créanciers, il se plaint auprès de son ex-femme du montant de la pension alimentaire, il maltraite les auteur·ices qui lui proposent des textes à publier dans sa revue littéraire, il rédige des listes pour lui-même et les autres, il prend sa propre défense sous des pseudonymes anagrammés, il taquine la muse avec une tentative de roman, bref il écrit sans cesse. « J’écris une lettre, à chaque phrase je rougis jusqu’aux oreilles, je l’envoie et, en rentrant de la poste, je me dis tout bas : ‘Ça leur apprendra’. » (p. 50) Andrew Whittaker est un homme de mots, c’est évident. Il est surtout un épistolier obsessionnel qui déverse ses torrents d’aigreur dans chaque missive. « J’écris à des gens que je connais à peine et mes lettres sont tout bonnement étincelantes, surtout quand elles me donnent l’opportunité d’être odieux et mesquin envers des personnes qui ne peuvent rien y faire. » (p. 76) Condescendant, de mauvaise foi et prompt à s’arranger avec la vérité, Andrew Whittaker est aussi un homme lubrique, harceleur et pervers.
Suivre les écrits odieux de ce personnage, pendant quatre chapitres qui sont autant de mois, c’est une expérience aussi hilarante qu’exaspérante. Whittaker est un connard insupportable, mais il a pour lui de savoir manier les mots (Voilà qui me rappelle mon ex.). Ce qui est cependant tout à fait réjouissant est d’assister à la lente déchéance de ce protagoniste infâme, entre les murs d’une maison qui s’effondre. Plus Whittaker est acerbe dans ses lettres, plus le karma le rattrape et lui fait payer une dette colossale. De Sam Savage, j’avais férocement aimé Firmin, autobiographie d’un grignoteur de livres, histoire d’un rat misanthrope. L’auteur sait décidément y faire avec les caractères antipathiques !
Il me semblait bien que cet auteur me disait quelque chose, j’avais adoré Firmin, autobiographie d’un grignoteur de livres ! C’était il y a longtemps, je note ce nouveau roman 🙂
C’est du même tonneau ! Alors bonne lecture !
J’avais beaucoup aimé « Firmin » aussi. J’avoue que celui-ci me tente bien.
J’ai donné mon exemplaire, mais tu peux le trouver facilement !
J’en suis certaine ! 😉