L’inoubliable sauvetage dans la prairie

Roman d’Elaine Dimopoulos. Illustrations de Doug Salati.

Dans la prairie des Asclépiades, Butternut grandit avec ses sœurs et ses frères dans le terrier familial. Sous la surveillance de leur mère et de leur grand-mère, les petits lapins apprennent la prudence dans une nature pleine de dangers. D’autres leçons occupent les journées : les lapereaux s’exercent à inventer et raconter des histoires. « Tu t’assois dans une salle de classe pour suivre des cours, non ? Ce serait donc si étrange que les lapins fassent pareil ? » (p. 19) Une des règles de cet exercice est que ces inventions doivent toujours parler de la vérité. « Quand on raconte une histoire, on partage une idée qui nous paraît bonne, et on invite d’autres lapins à y réfléchir. Les récits nous divertissent, mais ils créent aussi un lien fort entre nous. » (p. 25) Le quotidien de Butternut est soudain dérangé par une énième malice d’Azur, le geai qui tyrannise la prairie. Mais aidée par un jeune rouge-gorge, la lapine ose s’aventurer plus loin que le terrier et étendre ses connaissances. « Sache que les personnages sont comme les bananes : quand ils sont bons, on n’en a jamais trop. » (p. 74) L’amitié nourrit son audace et lui fait surmonter les ronces de la peur qui enserrent son esprit : la solidarité entre animaux fera plus de bien que de mal, n’en déplaise à la mère lapine ! Quant au fameux sauvetage annoncé dans le titre, prenez patience, vous le découvrirez bien assez vite et je vous parie une corbeille de carottes qu’il vous surprendra !

Impossible de ne pas penser à Watership Down en parcourant cette lecture ! La bravoure des petits lapins, l’aventure et les péripéties y renvoient implacablement. D’autres références littéraires sont essaimées dans le récit de la jeune lapine : on croise un célèbre personnage de Beatrix Potter, la tendre histoire d’un lapin en peluche ou encore l’histoire d’une petite fille en pays d’Oz. Le récit de Butternut est une adresse à une deuxième personne du singulier, dont l’identité est révélée en toute fin de livre, mais le/la jeune (ou moins jeune) lecteur·ice peut tout à fait considérer que c’est à lui/elle que cette histoire est racontée. Le roman est d’autant plus riche qu’il propose des histoires dans l’histoire : chaque conte inventé par Butternut et ses proches délivre une leçon précise. Cette volonté de partager le savoir s’oppose aux silences de la mère des lapins qui dissimulent des horreurs indicibles. Les secrets ne protègent pas : face à un danger tabou, il est impossible de se préparer et de se défendre, alors gare à la surabondance de précaution !

J’ai dévoré ce roman jeunesse, évidemment attirée par les lapins. Voilà un joli conte animalier qui mérite d’être largement lu et connu. L’humour léger est très bien maîtrisé et je me suis un peu (beaucoup) reconnue dans la gourmande lapine qu’est Butternut : comme elle, quand j’ai osé surmonter mes peurs, je me suis entourée d’ami·es désormais indispensables.

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2 réponses à L’inoubliable sauvetage dans la prairie

  1. Lydia dit :

    Ça a l’air très sympa !

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