Roman de Bertrand Villegas.
Dans le couvent des Carmélites de Lima, une vieille femme écrit l’histoire de sa vie pour la transmettre à son fils, Manuel. « Je n’ai voulu qu’une chose : vivre et aimer en toute liberté. On fait déjà de ma vie une légende ; aujourd’hui, mon fils, je voudrais que tu saches la vérité sur ta mère, sur celle que Lima appela La Périchole. » (p. 11) Micaela Villegas, descendante de l’illustre famille des Mendoza d’Espagne a aimé le théâtre, la vie et un homme avec passion, excès et éclat. Après des débuts modestes, elle attire tous les regards du Colisée, le théâtre de Lima, et particulièrement le regard de Manuel de Amat, vice-roi d’Espagne au Pérou. Quarante ans séparent la jeune et belle actrice du noble aristocrate.
Nommée Première Dame du Colisée, Micaela règne sur le cœur de Manuel. Mais la politique s’immiscera souvent dans cette passion au long cours. Orgueilleuse et capricieuse, Micaela demande toujours davantage de preuves d’amour et voudrait être reconnue et respectée. Adulée par le public, elle veut soumettre le vice-roi à ses désirs. Fort heureusement, Manuel est l’homme qu’il lui fallait : lui-seul pouvait tenir tête à cette femme de caractère. À l’heure de sa mort, Micaela repense avec émotion à l’amour qui la liait à cet homme de pouvoir. Enfin repue de gloire et de reconnaissance, c’est avec modestie qu’elle s’apprête à quitter la terre.« J’ai choisi mon épitaphe : « Ci-gît la Perricholi, comédienne », c’est le nom de ma gloire et de mes péchés ; c’est le nom que m’avait donné celui qui m’aimait. » (p. 408) La Périchole, c’est une chienne métisse, injure que Manuel lance un jour à sa maîtresse. Avec le temps, l’affront devient titre de gloire. Métisse peut-être, esclave jamais.
S’il est agréable de croiser Tirso de Molina et Calderon de la Barca, le récit de la vie de cette actrice ne leur rend pas hommage et la comparaison est bien peu flatteuse pour le texte de Bertrand Villegas, descendant de la célèbre comédienne. Bien que Bertrand Villegas ait déjà publié un livre, il n’aurait pas dû s’attaquer à ce récit. Il est certes flatteur de compter une telle femme parmi ses aïeules. Mais la plume de l’auteur est lourde, maladroite, ampoulée et elle accumule les poncifs : vous voulez des cheveux qui cascadent sur des épaules ? Oui oui, c’est bien là ! Mais me voilà bien mauvaise langue : j’ai lu ce livre une première fois, quand j’avais 14 ans, et j’avais été éblouie par l’existence de cette femme. Ah, si jeunesse savait…
Les émois romantiques dus aux lectures de mon adolescence se sont apaisés et le sous-titre du livre sonne plus creux encore : Une femme de passion qui inspira Mérimée, Offenbach et Jean Renoir. Alléchant, n’est-ce pas ? Pour trouver ces trois artistes, je vous invite à consulter les sources et mes liens, car vous ne les trouverez pas ailleurs dans le texte de Bertrand Villegas. Alors, comme je ne suis pas chiche, voici un extrait de l’opéra éponyme d’Offenbach.
Ce n’est pas un livre déplaisant, mais la plume de l’auteur manque grandement de légèreté et/ou de magnificence pour s’attaquer à un tel sujet.