La zone du Dehors

Roman d’Alain Damasio.

2083, sur Cerclon, un astéroïde qui fait face aux anneaux et satellites de Saturne, la grande majorité des Terriens a trouvé un refuge après une succession de guerres atomiques et de menaces. Ici, les individus sont soumis au Clastre, un organe de contrôle qui procède, entre autres choses, à l’établissement d’un fichier de prévention contre le crime selon les prédispositions de chacun. Tous les individus sont marqués et hiérarchisés. Plus de nom, mais des suites de lettres qui désignent la place de chacun dans la société. Cerclon est le monde du mérite rationalisé. Quelques personnes refusent de se soumettre. Ils sont la Volte, un groupuscule de citoyens éclairés qui tentent de se faire entendre. Fermement refoulées par le pouvoir, leurs opérations rebelles passent au yeux de la foule pour des actes de terrorisme, menés par des désabusés. La tension s’accumule. Le pouvoir sait qu’il ne pourra plus contenir longtemps Captp, leader charismatique, et le reste des voltés.

Voici un livre qui demande de la patience, de l’endurance et de la concentration. Impossible de le lire dans le bus (et j’ai essayé plusieurs fois…). Parfois affreusement verbeux, le texte est pesant. Et soudainement, la narration s’envole, la syntaxe s’allège et le fil des mots vous emporte. Les théories sociales, humaines et politiques sont très travaillées. Il y a de l’ironie dans chaque joute verbale. Bien qu’écrit dans les années 1990, le texte aborde des questions étonnement actuelles: les lois sur les libertés numériques, le contrôle permanent, la surveillance accrue dans les lieux publics, l’affecting dans la publicité, etc. A tous ceux qui veulent un peu de réflexion sur la démocratie et la liberté au XXI° siècle, je conseille la lecture de ce roman, et je leur souhaite aussi bon courage. Il y a des passages opaques.

Et voici un passage pour convaincre ceux voudraient en savoir plus: « Plus un pays progresse vers la démocratie, plus la liberté accordée à chaque individu menace la société d’éclatement. Plus, par conséquent, le pouvoir doit s’exercer haut et profondément. » (p.277)

Ou encore: « Pour moi, le peuple a le pouvoir qu’il mérite et n’a pas d’excuses. » dixit A, le président de Cerclon. (p.280)

Ce contenu a été publié dans Mon Alexandrie. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.