Roman d’Émile Zola.
Trouvée transie de froid au pied de la cathédrale et recueillie par le couple Hubert, Angélique Rougon grandit entourée d’amour. Ses bienfaiteurs sont brodeurs. Leur profonde et sincère piété s’exprime dans leur travail et dans les broderies dont ils parent les vêtements et ornements ecclésiastiques destinés à la cathédrale. Angélique est un modèle d’obéissance et de renoncement. Fine brodeuse, elle travaille aux côtés des Hubert dans leur atelier. Jeune fille rêveuse, elle attend un amour immense. Et il y a ce garçon qui apparaît un soir sous son balcon, un jeune peintre verrier. L’adolescence et le jeune esprit d’Angélique déjà bouleversés par la découverte de la Légende dorée font de cette apparition céleste la révélation qui changera sa vie, qui la rendra égale aux vierges saintes qu’elle admire tant.
Voilà un Zola en odeur de sainteté! Nous avons la Légende dorée et l’hagiographie en général. Nous avons aussi les doux prénoms des héros Angélique et Félicien, c’est-à-dire un ange annonciateur et un jeune homme qui vit sa passion jusqu’au bout. On se promène entre les surplis, les chasubles brodés et les vitraux peints des cathédrales. Décidément, je suis toujours impressionnée quand je lis un Zola: il a un don particulier pour créer une atmosphère différente dans chacun de ses livres.
La narration se déroule silencieusement et avec recueillement, dans une espèce de pénombre sereine propice à la méditation. La jeune Angélique, bien mystique il faut le reconnaître, rachète par sa conduite douce et modeste et par ses rêves de pureté toute une lignée dévoyée. L’atavisme des Rougon ne prend pas chez elle. Ce livre semble être une pause dans l’ensemble de la série, une respiration éthérée loin des violences et des folies qui caractérisent les membres de la famille Rougon-Macquart.
Je l’ai lu il y a au moins dix ans et j’en ai gardé un souvenir attendri. Et c’est sur ce souvenir que j’ai écrit mon billet. Un peu d’indulgence si vous êtes des spécialistes de la question…