Ma première lecture date de quelques années et le souvenir de son immense beauté ne m’a pas quitté, pas plus que celui de mon émotion profonde. Une fois encore, Mattis m’a bouleversée avec sa vulnérabilité et la conscience coupable de ses limites. « J’ai besoin d’un travail, Hege a les cheveux gris. […] C’est moi qui l’ai fait grisonner. » (p. 26) L’inhabituelle parade amoureuse d’une bécasse est vue par cet homme simple comme un présage de changement : ce dernier sera-t-il une chance ou une malédiction ? Les incessantes questions de Mattis sur le monde, son esprit et celui des autres renvoient à la nature omniprésente, hiératique et éternelle. Le temps d’un été, d’un orage à l’autre, c’est l’histoire d’un homme terrifié par l’abandon et le fait d’être un poids pour sa sœur. « Elle avait si souvent prouvé qu’elle était une sœur attentive – mais depuis peu, elle commençait à perdre patience plus vite qu’auparavant. » (p. 43)
Avec cette relecture, j’ai retrouvé les phrases si justes de Tarjei Vesaas pour parler de la solitude et du désespoir d’amour. Je souligne surtout la façon dont il décrit la dépression, dans des mots qui me sont si clairs tout étant superbement délicats. L’auteur reste décidément parmi mes préféré·es.