
Roman d’Honoré de Balzac.
De 1792 à 1840, on suit la grande affaire d’un héritage familial disputé. D’un côté, Agathe Bridau, déshéritée par son père qui doute de sa paternité, a fort à faire avec ses deux fils, Philippe et Joseph. « Capitaine à dix-neuf ans et décoré, Philippe, après avoir servi d’aide de camp à l’empereur sur deux champs de bataille, flattait énormément l’amour-propre de sa mère, aussi, quoique grossier, tapageur, et en réalité sans autre mérite que celui de la vulgaire bravoure du sapeur, fut-il pour elle l’homme de génie ; tandis que Joseph, petit, malingre, souffreteux, au front sauvage, aimant la paix, la tranquillité, rêvant de la gloire de l’artiste, ne devait lui donner, selon elle, que des tourments et des inquiétudes. » (p. 53) De l’autre côté, Jean-Jacques Rouget, frère d’Agathe et vieux garçon, laisse son ménage aux mains avides de Flore Brazier, gouvernante-maîtresse peu soucieuse d’être épousée tant elle est convaincue que l’héritage lui reviendra. Chez les Bridau, alors que la ruine menace après les frasques incessantes de Philippe, on voit d’un mauvais œil cette femme intéressée. Jean-Jacques dépérit sous les cruautés perfides de celle qui s’est amourachée d’un vaurien. La seule façon de ne pas perdre l’héritage familial, c’est de ramener dans l’esprit du vieux célibataire un peu de vertu familiale et religieuse. « Votre fortune sera le résultat d’un combat entre l’Église et la Rabouilleuse. » (p. 201)
Dans cette étude de mœurs, les femmes ne sont que faibles, vénales ou sottes, et rares sont les hommes dont le portrait est positif. Philippe est évidemment un insupportable protagoniste : voleur, menteur, tricheur, insensible et égoïste, il fait passer son seul intérêt avant toute autre chose, se moquant bien de l’adoration de sa mère. Maxence, le complice de Flore, est un antagoniste à sa mesure, tant ces deux-là se ressemblent au niveau de la rouerie et des ambitions échevelées. Quant à la Rabouilleuse, surnom de Flore, elle n’apparaît qu’à la page 134/285. Si elle est un modèle d’économie domestique, elle ne peut en rien être comparée à Eugénie Grandet : Flore refuse le confort à l’homme qu’elle dépouille pour mieux s’accorder les menus luxes de la femme entretenue. L’humanité dépeinte par Honoré de Balzac dans ce roman n’est acrimonieuse, envieuse et aigrie : si la fin récompense le seul personnage qui a montré de la rectitude morale, elle est cependant bien ironique. Évidemment, j’ai dévoré ce livre : le 19e siècle feuilletonnant, c’est décidément ma came !
Tiens, tu me donnes envie de le relire !
Comment se lasser des classiques ?
Ah c’est le roman apparaît Bridau, le grand peintre ! J’avais bien aimé cette lecture même si je ne me rappelle pas grand-chose, à part que c’est à Issoudun.
Moitié-moitié entre Paris et Issoudun.
Donc Bridau reparaît dans un autre roman ? Je note ! Je suis loiiiin d’avoir tout lu de Balzac !
Il est le peintre génial de la nouvelle Pierre Grassou (qui est très intéressante pour les historiens de l’art) (et donc je la connais). Son nom doit apparaître ailleurs, mais sans trop d’importance.
Je note !