Les fabuleuses aventures d’un Indien malchanceux qui devint milliardaire

Roman de Vikas Swarup.

Ram, un jeune Indien, gagne un milliard de roupies au grand jeu télévisé qui passionne les foules. Il est immédiatement soupçonné de tricherie. Comment ce garçon sans éducation aurait-il pu répondre à toutes les questions du quiz ? Tenu de se justifier, il s’exécute en donnant le récit de son existence. Son avocate découvre toutes les rencontres surprenantes et la chance improbable qui ont mené son client à la victoire.

C’est un texte très drôle. Les malheurs du héros sont désopilants, c’est trop pour un seul homme. Dans le pur style Bollywood, tout finit bien pour les gentils, l’amour triomphe et le juste est récompensé. C’est un livre divertissant, qui se lit vite et qui occupe bien un trajet trop long en train.

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La petite Chartreuse

Roman de Pierre Péju. Prix du Livre Inter en 2003.

Par un soir de pluie, une petite fille affolée s’élance sous les roues de la camionnette d’Étienne Vollard. L’existence de ce libraire taciturne vole en éclats après cet accident. Au chevet de l’enfant inconsciente, il récite des bribes de récits et des textes entiers que sa prodigieuse mémoire a retenu au cours des lectures de toute une vie. Vollard croise la mère de la petite, Thérèse, dont le désir de fuir est plus fort que l’instinct maternel. Père de substitution, Étienne Vollard rend visite à l’enfant, lui fait découvrir les merveilles de la nature de la Chartreuse iséroise. Mais l’enfant s’étiole. Prisonnière d’un monde de silence, elle s’affaiblit et perd tout contact avec la réalité.

Bouleversant récit mené par un narrateur qui en sait plus long sur le héros qu’il ne le dévoile au début. Ma première lecture de ce texte, faite il y a des années, m’avait laissé une impression mitigée. Mais après cette seconde lecture, je suis touchée par la plume de l’auteur, plume qui se fait discrète devant les trop grandes douleurs, qui ne dit que le nécessaire et laisse dans l’ombre les noirceurs de l’âme humaine. Je n’ai aucune envie de voir le film qui a été tiré de ce texte, j’ai bien trop peur d’être déçue.

Voici un extrait de ce texte : « Volalrd n’avait jamais considéré la littérature comme un apaisement, ni la lecture comme une consolation. Lire follement, comme il avait toujours lu, consistait plutôt à découvrir la blessure d’un autre. Lire consistait à découvrir cette blessure, à la parcourir. Derrière les phrases, même les plus belles, les mieux maîtrisées, toujours entendre des cris. De la librairie à l’hôpital, de l’hôpital à la librairie, c’était glisser d’une blessure à l’autre! D’un côté, le murmure ou la plainte des des livres disposés sur leurs rayons. De l’autre, les gémissements de ceux qui étaient passés en une fraction de seconde de l’insouciance valide à l’amputation. » p.132

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Thérèse Raquin

Roman d’Émile Zola.

Thérèse a épousé son cousin Camille, un jeune homme malade et souffreteux. Dans sa vie d’épouse frustrée, elle contient ses désirs. Le jour où elle rencontre Laurent, sa nature profonde fait surface et elle se jette à corps perdu dans la passion. Pour s’abandonner totalement à l’adultère, il n’est qu’une solution : éliminer Camille et faire taire les soupçons de sa mère.

Magistral ! Définitivement, et depuis longtemps, conquise par l’œuvre de Zola, je salue ce livre que j’ai redécouvert après une première lecture bien lointaine. L’auteur sait si bien dépeindre les affres de la souffrance, physique et morale. Le portrait est toujours juste. Je conseille ce livre, comme je conseille tout Zola !

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Le chemin des sortilèges

Roman de Nathalie Rheims.

Une voix de femme entraîne le lecteur quelque part à la campagne, dans une ancienne maison aux couleurs de poussière et de souvenirs. Après dix ans de séparation, elle a décidé de retrouver l’homme qui l’a vue naître et qui l’a accompagnée sans relâche. Dans la maison étrangement familière et curieusement inquiétante, cette femme revit son passé. Elle relit les contes de fées qui ont marqué son enfance. Tour à tour Belle au bois dormant, Blanche-Neige, Petit Chaperon Rouge, Petit Poucet, Petite Sirène ou Marchande aux allumettes, elle redécouvre des blessures passées qui n’ont jamais guéri, elle revoit les chers disparus. Seule, elle refait le chemin étrange et troublant qui a transformé la fillette en femme. Elle redécouvre le désir profond de n’être qu’un ange, un être qui passe sans déranger, sans souffrir. La maison renferme un secret troublant. Aura-t-elle la force de l’affronter, de s’avouer enfin la vérité ?

J’ai un avis assez mitigé. La réutilisation des contes de fées dans le but d’expliquer une existence particulière me charme et me gêne tout à la fois. Il me semble que l’auteur pousse trop loin l’identification de son personnage aux héros des contes, qu’elle cherche trop à créer des connexions entre les contes et son héroïne. Le tout a un petit côté de la Psychanalyse des contes de fées de Bettelheim, en trop vulgarisé. Néanmoins, la langue est belle, poétique et sensible. La chute est surprenante, un peu abrupte, c’est un réveil brutal après plus de cent pages de fantasmagorie et de cauchemars. En conclusion, j’ai apprécié le roman, mais ce titre en particulier ne m’a pas donné spécialement envie de découvrir le reste de l’œuvre de l’auteur.

Un extrait du livre : « Comment réduire ma présence dans l’espace, ne pas grandir, ne pas lever la tête, effacer ces formes qui devenaient trop lourdes, comment garder intact ce qu’il me restait d’enfance? Ne pas nourrir ce corps, le figer dans la douleur qui l’avait vu grandir. […] Désormais mon corps était là, devant moi. Je le reconnaissais. Il était remonté à la surface et, avec lui, je respirais. Je restai ainsi à me regarder sans bouger. Le froid me glaçait les os. Je m’enveloppai dans ma chemise les bras croisés, telle la survivante d’un naufrage. C’était l’amour qui avait sombré sous mes yeux. » (pp 158-159)

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People or not people

Roman de Lauren Weisberger.

Du jour au lendemain, Beth Robinsons décide de changer de vie. Les fiançailles de sa meilleure amie lui révèlent la vacuité de sa vie sentimentale. Sur un coup de tête, elle quitte un emploi qu’elle déteste et un patron qui l’insupporte. Après plusieurs semaines de repos total, en accord avec son téléviseur et des tonnes de confiseries, elle accepte un emploi dans une boîte de communication spécialisée dans l’organisation de soirées chics et tendances. Elle découvre la vie nocturne de la Grosse Pomme et la faune étrange qui la compose; starlettes, VIP, journalistes peu scrupuleux et tout un lot de personnes à l’ego hypertrophié. Un matin, elle découvre que sa vie privée fait les délices de la presse à scandale. Jusqu’où ira-t-elle pour l’intérêt de sa boîte et pour trouver l’âme sœur ?

Bon, j’avoue un gros coup de faiblesse… Je n’avais pas envie de lire un texte au vocabulaire soutenu… Je ne retiens pas grand-chose de cet énième roman pour filles… Quelques phrases rigolotes… Mais globalement, tout est convenu et déjà lu… J’ai passé quelques heures de repos cérébral… C’est toujours ça de pris.

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Cagou

Roman de Guy Sitbon.

Cagou est un petit juif d’Afrique du Nord. Pour lui, l’avenir c’est de s’occidentaliser, d’être assimilé à la puissance colonisatrice. Mais un jour, celle-ci s’en va. Le recours semble être un retour aux traditions, le respect de la patrie et de la culture ancestrale. Parce qu’avant d’être juif, Cagou est arabe. Pas de différence entre musulmans, juifs ou chrétiens : dans ce pays, tous sont arabes. Mais tous ne le comprennent pas.

Ce livre est simple, porteur d’un message lumineux sur les religions et les cultures orientales. Je le recommande à tous ceux qui croient en l’œcuménisme.

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Marguerite de la Nuit

Nouvelle de Pierre Mac Orlan.

Georges Faust est un vieil homme solitaire et désabusé. Au soir de son existence, sa vie d’ascète le révolte et il décide de signer le même pacte que son ancêtre : son âme contre la jeunesse retrouvée. Dans la ville, il rencontre Marguerite, fille de la nuit et belle à se damner. Faust signe un contrat avec Léon, une séduisante crapule : Marguerite sera sienne en échange de son âme. Enchanté du marché – qu’est-ce que l’âme après tout ? – Faust retrouve la vigueur de sa jeunesse et séduit sans peine la superbe Marguerite. Mais la peur du châtiment éternel le poursuit. Il lui faut trouver une âme qui se vendra à sa place.

Excellente reprise du mythe de Faust ! Le texte est bien écrit, et l’on suit ce vieil homme dans sa soif de débauche et de jeunesse. Je l’ai dévoré en presque une heure.

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L’école des Robinsons

Roman de Jules Verne.

Godfrey est un jeune homme que l’aventure attire. Il demande à sa fiancée Phina de l’attendre quelques années. Avec l’aide de son oncle Kolderup, riche homme d’affaires, il embarque pour un voyage de plusieurs mois. Mais le bateau fait naufrage. Godfrey, accompagné de son professeur de maintien, Monsieur Tartelett, se retrouve sur une île déserte. Les deux hommes apprennent à vivre avec le minimum. Le quotidien n’est pas de tout repos: sans cesse, des incidents troublent la routine de ces Robinsons. Mais quelle est cette île sur laquelle ils se sont échoués ?

Jules Verne a fait les délices de mon jeunesse. Et je redécouvre tous ses romans avec bonheur. Celui-ci est cousu de fil blanc. Mais les images sont belles. Le style de Jules Verne est reconnaissable entre tous : entraînant, haletant, captivant.

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Un barrage contre le Pacifique

Roman semi-autobiographique de Marguerite Duras.

La mère a acheté une concession incultivable. Elle ne s’en doutait pas lors de la transaction. Depuis, chaque année, elle s’échine à construire des barrages pour empêcher le Pacifique de recouvrir ses terres et noyer ses cultures. Ses enfants, Joseph et Suzanne, n’ont qu’une envie: quitter la concession. Joseph le fera en suivant une femme de la ville. Suzanne hésite, repousse le richissime Monsieur Jo et fait fuir le fils Agosti. Pour elle, c’est avant tout la liberté qui compte.

Superbe ! Le style de Duras fait mouche à chaque fois. J’aime cette écriture saccadée, un peu rugueuse. J’aime ces personnages qui se battent dans le vide, mais n’abandonnent jamais. J’aime cette odeur d’après-guerre, les rumeurs de décolonisation et les questions raciales. J’aime les textes de Marguerite Duras, tous !

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Le passe-muraille

Recueil de nouvelles de Marcel Aymé.

De Montmartre aux petits villages de province, le narrateur nous entraîne dans des histoires improbables, où le possible existe. Des personnages attachants, entre misère humaine et petites existences bien réglées, sont soudain bousculés par quelque chose.

Ah, la Madeleine de Proust ! C’est le premier livre que j’ai lu en cachette avec une lampe de poche sous les draps! Impossible de m’arrêter à l’époque! Même rengaine cette fois-ci. Le style léger de Marcel Aymé fait toujours effet. Je le conseille à tous les jeunes lecteurs, et à ceux qui veulent retrouver une saveur de pupitre et d’encre sur les doigts…

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Psychanalyse des contes de fées

Essai de Bruno Bettelheim.Psychanalyse_des_contes_de_f_es

Bettelheim porte un regard innovateur sur les contes de fées. Si certains arguments sont probablement dépassés aujourd’hui, cet essai donne des pistes utiles pour une lecture intelligente de ces contes.

Mais le texte de Bettelheim ne dispense pas de lire les contes, bien au contraire !

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Une femme, Camille Claudel

Biographie d’Anne Delbée.

En mêlant les lettres écrites depuis l’asile, les textes de Paul Claudel, l’auteure fait apparaître le visage de Camille Claudel. Forte, belle et volontaire, amoureuse jusqu’à la mort de son maître, le sculpteur Auguste Rodin, Camille mène une vie qui fait scandale. Sa sculpture est peu et mal comprise. Ses amis et sa famille la rejettent. Seule avec son inspiration et sa rage de réussir, elle ne désire que créer et être aimée.

Je suis d’ordinaire assez frileuse avec les biographies. Mais j’avoue que celle-ci est une réussite! Le portrait fait de l’artiste est fin et délicat, tout en pudeur et en émotion. J’étais déjà très sensible à ses créations, sa vie m’a bouleversée.

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Vingt-quatre heures d’une femme sensible

Roman épistolaire de Constance de Salm.

Après avoir vu son amant disparaître dans la calèche d’une autre femme, l’héroïne, vivement troublée, écrit une série de lettres qui témoigne de son affection passionnée et de sa jalousie brûlante. Elle cherche à se rassurer, revoit la soirée à l’opéra, revit les premiers moments de leur amour. Elle envoie ses serviteurs quérir des informations au domicile de l’amant trompeur. Pour s’assurer de son malheur, elle quitte toute discrétion et met son honneur en péril, révélant à la société son amour clandestin. Désespérée, sur le point de mourir d’amour, elle se laisse presque charmer par les déclarations d’un jeune homme éperdu d’amour et qui lui offre son soutien.

Le charme désuet des romans épistolaires opère toujours avec moi. De La nouvelle Héloïse aux Liaisons dangereuses, en passant par tout ce que le 18° siècle a fait de romans par lettres, je suis séduite ! Il faut croire qu’il n’y a que ce siècle lumineux pour produire des sentiments aussi sublimes et grandiloquents ! Et pourtant j’y crois ! Cette femme sur le point de mourir d’amour (je demande le contre-avis d’un médecin !) est convaincante! Le ton des lettres est parfait, on évolue sur toute la palette des sentiments que cette femme délaissée subit.

Un grand merci à Liliba qui m’a envoyé ce livre. Je l’avais remarqué sur son blog, et spontanément, elle me l’a envoyé.

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La mystérieuse flamme de la reine Loana

Roman d’Umberto Eco.

Un homme se réveille dans une chambre d’hôpital. De lui et de sa vie, il a tout oublié. Mais sa connaissance des livres est encyclopédique. Pour reconstruire sa mémoire, il plonge dans la bibliothèque et dans le grenier de la maison de son enfance. Il redécouvre ses premiers émois sensuels, ses premiers questionnements et ses doutes. La brume le hante, l’accompagne et le rassure. Saura-t-il reconstruire son identité ou disparaîtra-t-il dans la littérature ? Et qui est la reine Loana qui hante ses rêves ?

FABULEUX ! C’est un texte exigent et difficile, mais quel plaisir de plonger dans des textes inconnus, des albums illustrés. Le livre est superbe avec des photos et des illustrations. Eco revisite une nouvelle fois le sujet de la bibliothèque mentale, et c’est un succès. Il faut prendre le temps de lire ce texte, de vraiment se consacrer aux mots. Voici une lecture qui me marquera longtemps !

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Le voyage du père

Roman de Bernard Clavel.

Noël dans deux jours, et toute la famille Quantin attend le retour de Marie-Louise, l’aînée, partie travailler à Lyon depuis deux ans. Une lettre courte et impersonnelle annonce qu’elle ne viendra pas. Le père Quantin descend de sa ferme et entreprend le trajet jusqu’à la ville. De salon de coiffure en « salon privé », d’hôtel miteux en trottoirs incertains, Quantin rencontre des personnages qui connaissent ou ont connu Marie-Louise. Chacun lui en donne une image nouvelle, étrange, bien différente de celle que le père chérit. Qu’est devenue sa fille, sa « grande », ambitieuse et belle, dans cette ville où tout va trop vite? Faut-il croire la rumeur qui monte de son cœur de père et de paysan et qui lui fait craindre l’infamie de sa fille chérie? De retour à la ferme, comment parler à la mère et à la sœur de la « grande » Marie-Louise?

Comme toujours, en quelques mots, le texte de Clavel me séduit. Impossible de ne pas m’émouvoir devant la quête aveugle et vaine de ce père bourru et borné. Les mots sont rugueux, simples et bouleversants. Le texte se lit vite et s’imprime dans la mémoire. On croirait le roman loin de la littérature de la terre qui fait le succès de Clavel, mais le portrait acide et mauvais que l’auteur donne de la ville n’est qu’une nouvelle célébration glorieuse et tendre du monde rural.

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Les années

Autobiographie d’Annie Ernaux.

L’auteure fait le récit de sa jeunesse, au sortir de la guerre, dans une Libération euphorique où les jeunes ne veulent rien d’autre qu’aller plus loin que leurs parents. Entre une sexualité faussement débridée et valeurs familiales tenaces, les existences se démarquent tout en restant dramatiquement banales.

Ce livre sera le troisième de ma vie de lectrice que je n’achève pas. Il y a eu l’Iliade que j’ai abandonné quand j’avais 10 ans (Un peu ardu à cet âge… mais je devrais retenter l’expérience) et Du côté de chez Swann (Ça ne s’explique pas mais je suis réfractaire dès la première phrase : « Longtemps, je me suis couché de bonne heure »). Les années est le dernier en date. L’autobiographie collective, à grand renfort de « on » et de tournures impersonnelles, ne me plaît définitivement pas. Utiliser des souvenirs personnels pour élaborer des théories généralistes, c’est horripilant ! Je remise donc ce livre TOUT en haut de ma bibliothèque. On ne sait jamais, un soir d’insomnies, ça peut servir…

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La mort du roi Tsongor

Roman de Laurent Gaudé. Goncourt des lycéens en 2002.

Le premier jour des noces de sa fille Samilia, le roi Tsongor sait que la paix est en péril. Promise à Kouame par son père, la belle princesse Samilia a oublié le serment d’enfance qui la lie à son compagnon de jeux Sango Kerim. Celui-ci revient, après des années d’errance. Devenu homme, il réclame la femme qui lui est dûe. Pour éviter la guerre, Tsongor se donne la mort, espérant que cet acte ultime calmera les passions. Mais le sacrifice du plus grand roi du monde n’y fait rien. Kouame et Sango Kerim vont s’entretuer, à la tête de leur armée, pour Samilia et pour Massaba, la ville du roi Tsongor. Seul Souba, le cadet de la famille Tsongor échappe au massacre et à la folie des hommes. Son père lui a confié une mission d’éternité: bâtir sept tombeaux à sa mémoire, dans les lieux les plus spectaculaires de son royaume. Pendant que Souba arpente les routes, les fils du roi Tsongor se donnent la mort sous les remparts de l’immobile Massaba.

J’avais lu ce livre au lycée, en 2002…  Je l’ai redécouvert avec passion. Quelle ampleur et quelle beauté dans ce texte! Je le conseille aux amoureux d’aventure épique.

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Millénium 3 : La reine dans le palais des courants d’air

Dernier tome de la trilogie de Stieg Larsson.

Mikael Blomkvist a retrouvé Lisbeth  à Gosseberga, avec une balle dans la hanche, une autre dans l’épaule et une dernière dans la tête. Conduite à l’hôpital, elle est toujours accusée des meurtres de Mia Bergman et Dag Svensson. Mise à l’isolement au sein de l’hôpital, elle est contrainte d’accepter de l’aide. Pour une fois, elle ne peut pas régler ses problèmes en solitaire. L’avocate Annika Giannini, la soeur de Mikael Blomkvist, accepte de la représenter et de la défendre dans le procès qui l’oppose à un groupuscule secret issu de la Säpo, la police d’Etat. Mikael Blomkvist, au sein de Millenium, continue de soutenir Lisbeth, et mène l’enquête dans l’ombre, au nez et à la barbe de la Section, le groupe qui a couvert tous les crimes de Zalachenko, transfuge russe et père de Lisbeth. Mikael met à jour un scandale constitutionnel et entend rétablir Lisbeth dans ses droits de citoyenne et détruire toutes les accusations qui pèsent contre elle. Coupée du monde et sans aucun moyen de communiquer, Lisbeth va devoir apprendre à faire confiance.

Ce dernier tome est bon, mais trop long, trop lourd. L’histoire se perd trop souvent dans des descriptions juridiques. Les personnages foisonnent, et on perd un peu le fil par moment. L’histoire de Lisbeth continue, mais un peu trop embrouillée d’autres existences. Le dernier tiers du livre reprend la vigueur tellement appréciable des deux premiers tomes, et la narration s’accélère enfin. La lecture redevient palpitante. Un dernier tome légèrement indigeste, mais qui rend honneur au talent de l’auteur.

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Le geste d’Ève

Recueil de nouvelles d’Henry Troyat.

Une manucure effacée épouse le Diable, un philanthrope excentrique fait le malheur d’un homme avide, un solitaire rêve d’un enterrement de patriarche, une vente aux enchères tourne mal pour un collectionneur, un chien peut en cacher un autre, un misanthrope découvre le sens de la vie en cherchant un homme, un artiste brimé se pétrifie, le Diable a plus d’un tour dans son sac, une poinçonneuse de tickets fait chavirer le cœur d’un riche industriel, etc.

Les nouvelles se suivent et ne se ressemblent pas, petits morceaux d’existence mis bout à bout pour dresser le portrait d’une humanité simple. Ce sont les histoires extraordinaires de gens simples que l’on ne remarque pas. Je suis sous le charme de du style de l’auteur : légèreté, finesse et simplicité. Je le recommande à tous. Ce petit recueil a mis un peu de merveilleux  et un peu de folie dans mon monde de lectrice.

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Où es-tu ?

Roman de Marc Lévy.

Susan est fascinée par les ouragans. Pour eux, elle abandonne Philip et part au Honduras pour aider les sinistrés. Philip attend longtemps. Puis il épouse Mary. Le temps passe. Un jour, une petite fille arrive. C’est celle de Susan, disparue dans un ouragan. Philip adopte Lisa et tente de lui offrir un foyer heureux et stable. Mais il lui faut se battre, encore une fois, contre la fascination qu’exercent les ouragans.

Jolie histoire, mais ce n’est certainement pas ce que l’auteur a écrit de mieux. Le texte se lit vite, comme toujours.

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L’enchanteur

Roman de René Barjavel.

Merlin a un but: mettre sur la route du Graal un chevalier pur et valeureux qui résoudra l’énigme du saint Calice et qui sauvera les hommes. Mais Merlin rencontre un ennemi puissant en la personne de son père, le Diable. Celui-ci fait tout pour pervertir les destinées de ces héros que Merlin élève avec tant de patience. Par les femmes, la colère, le doute, tous ces hommes exceptionnels faillissent à leur tâche. Et Merlin sans cesse commence l’éducation d’un nouvel enfant. Aidé de Viviane, son amour interdit, il tente de former le chevalier le plus pur et le plus courageux.

L’auteur reprend à merveille le cycle d’Arthur et les légendes celtes. Moi qui suis friande de cette culture et de cet imaginaire, j’ai relu avec bonheur ce livre découvert quand j’étais au collège. Mettre Merlin au centre de tout change considérablement le regard sur l’histoire légendaire des Celtes. Les rois et les princes passent en arrière plan. Le personnage jusqu’alors secondaire de Merlin est superbement mis en valeur. La langue est simple. Je le conseille sans aucun doute aux adolescents.

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L’amant de Lady Chatterley

Roman de David Herbert Lawrence.

Constance est l’épouse de Lord Clifford Chatterley. Clifford est revenu invalide de la guerre. Constance dépérit aux côtés de cet époux immobile, prisonnière d’une vie de convention sans passion. C’est dans les bras du garde-chasse du domaine, Mellors, qu’elle découvre l’amour et la vie. Elle retrouve sa force et sa sensualité. D’abord tiraillée par la morale et les principes dans lesquels son existence a été élevée, Constance lâche prise et laisse libre cours à son désir et au bonheur.

Je comprends le scandale qui a entouré ce livre lors de sa parution. Si aujourd’hui les mots et les scènes peuvent paraître fades au vu de tout ce dont les médias nous abreuvent quotidiennement, à l’époque de la sortie de ce texte, certains avaient des raisons de frissonner ! La langue est belle et riche, rugueuse au contact du garde-chasse, prude puis libérée avec Constance. C’est un régal à chaque page !

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Le fiancé de la lune

Premier roman d’Éric Genetet.

Arno Reyes est un « singe ». Il escalade les façades des buildings, grimpe au sommets des arbres pour différents travaux d’entretien. Il préserve farouchement sa solitude. Aucune attache ne le retient nulle part. Une valise contient toutes ses possessions et tout ce qu’il veut garder. Lors d’une soirée jet set, il rencontre Giannina Mantegazza. Jeune étoile du jazz, elle voit sa carrière s’ouvrir devant elle. Entre Arno et Giannina, une histoire commence. L’amour passion des premiers temps laisse place aux projets, au quotidien. Les instants de la vie s’enchaînent à toute allure et explosent comme des bulles de champagne. L’ivresse laisse le champ libre à la réalité. Le couple devient une nouvelle solitude, une solitude honnie et redoutée, mais qu’aucun des deux ne cherche à combattre. Arno ne monte plus aux arbres, Giannina enregistre des albums et connait le succès. La mort les rattrape et les sépare.

Le style est bon : les paragraphes courts s’enchaînent, on passe d’une idée à une autre, d’une minute à une autre avec une grande fluidité. Le texte a des petits airs charmants de l’inoubliable Un homme et une femme de Claude Lelouch. J’ai néanmoins déploré une petite perte de souffle dans le dernier tiers du livre. Le texte est court, suffisamment long pour nous entraîner au cœur des sentiments humains, au cœur de l’amour qui naît et qui s’efface. Entre cinéma et jazz, l’histoire se tisse de phrases aux allures de répliques cultes ou de refrains inoubliables. J’en retiens une histoire d’amour moderne, entre SMS et mails, coups de téléphone et aéroports. C’est une belle histoire qui se lit vite. Je le conseille à tous les amoureux.

« J’étais maintenant en manque d’amour, comme si je manquais d’eau au milieu de nulle part. » Page 26

« On devrait avoir le droit de péter la gueule aux gros cons, il y a une loi à proposer sur le sujet. » Page 111

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La trilogie des jumeaux

Roman d’Agota Kristof.

Pour résister à l’abandon de leur mère, deux jumeaux ne comptent que sur eux-mêmes. La guerre ravage leur pays, quelque part à l’Est. L’un des deux passe la frontière. Les deux frères doivent apprendre à vivre l’un sans l’autre. Leur vie devient l’attente du retour de l’autre. Mais tout cela n’est que fiction, mensonge. Ce jumeau existe-t-il ? Qui sont-ils, Lucas et Claus ? Pourquoi leur histoire se dédouble-t-elle ? Où est leur père ? Qu’est devenue leur mère ? Autant de questions dont les réponses ambiguës ne sont que de nouveaux mystères.

Ce roman est magistral ! Construit en trois parties, chaque nouvel épisode apporte un éclairage nouveau sur l’histoire déjà écrite. Chaque page qui se tourne infirme ce que l’on croyait vrai. La fin est un nouveau début, et j’ai envie de reprendre la lecture pour traquer la vérité. À lire, sans aucun doute !

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Millénium 2 : La fille qui rêvait d’un bidon d’essence et d’une allumette

Deuxième tome de la trilogie de Stieg Larsson.

Lisbeth Salander a brusquement disparu après le scandale Wennerström. Elle s’offre un tour du monde. Pendant ce temps, à Millénium, Mikael Blomkvist travaille en collaboration avec Dag Svensson et Mia Bergman sur le commerce du sexe. A eux trois, ils entendent bien dénoncer des notables et lancer un pavé dans la mare. Dag et Mia posent beaucoup de questions qui dérangent et sont sur le point de mettre au jour un dossier classé secret défense. Quand ils sont assassinés, tous les soupçons se portent sur Lisbeth, fraîchement de retour en Suède. Pourquoi y a-t-il ses empreintes sur l’arme du crime et où a-t-elle disparue? Mikael Blomkvist et Dragan Armanskij, l’ancien employeur de Lisbeth, sont convaincus que la jeune femme est innocente. Les médias s’emparent du passé violent de Lisbeth et de son internement en hôpital psychiatrique, dressant un portrait effrayant d’une criminelle dangereuse et incontrôlable. Mikael et Dragan mènent chacun une enquête parralèle à celle de la police. Peu à peu, ils découvrent le dossier classé secret défense, et le lien que Lisbeth entretient avec le mystérieux Zala, un criminel insaisissable et dont l’identité est entourée de mystère. Traquée, Lisbeth préfère travailler en solo, pendant que Mikael se démène pour prouver son innocence.

Un deuxième tome haletant ! Très largement recentré sur Lisbeth, il donne enfin des détails sur la personnalité de ce personnage laissé bien flou à la fin du premier tome. La dernière page de ce tome n’est que la première du troisième. Impossible de s’arrêter là, j’attaque immédiatement la suite ! Et je conseille la trilogie à tous les amateurs d’enquêtes et de suspense !

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Lettre à D. Histoire d’un amour

Texte d’André Gorz.

L’auteur du Traître écrit son histoire. Et ce n’est pas que la sienne. C’est aussi celle de D., sa compagne, son grand et unique amour. Au fil des lignes, il s’excuse et dresse le portrait d’une femme de caractère, d’une femme courageuse et dévouée. Les mots portent l’amour encore vivant, encore vigoureux, qui unit deux êtres dont la vie touche à sa fin.

Très touchant, ce texte n’est pas à prendre à la légère. L’auteur excelle dans l’expression de ses sentiments. La pudeur est bien présente, mais elle n’atténue pas les coups de gueule, le ressentiment et la passion. Je le recommande à tous les amoureux.

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L’insoutenable légèreté de l’être

Texte de Milan Kundera.

Tomas aime Tereza, mais il ne cesse d’aller voir d’autres femmes. Sans trêve, la jalousie ronge Teresa qui exige des preuves d’amour toujours plus grandes. Le tout dans un monde où le communisme règne en maître.

Tout le roman est une réflexion sur l’importance, la pesanteur ou la légèreté des choses. Comment choisir entre le pesant et le léger ? Faut-il, comme Parménide, préférer le second ? Ou admettre, comme Nietzsche, que seul le premier a de la valeur ? Le texte se lit bien. La narration semble parfois chaotique, la temporalité se délite par moment. Mais le texte résonne longtemps.

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Les coloriés

Roman d’Alexandre Jardin.

Hipplyte Le Play est plus que surpris de rencontrer Dafna, une représentante du peuple des Coloriés. Cette tribu a mis fin à la tyrannie des adultes et des parents. Pour eux, tout n’est que jeu et plaisir. D’abord dérouté, Hippolyte va comprendre comment aimer Dafna, en repoussant les limites de l’esprit adulte, en redécouvrant le bonheur d’être un enfant.

Charmant, divertissant. Du Alexandre Jardin qui passe très bien entre deux ouvrages plus difficiles. Mais ça ne fait que passer.

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Les petits bonheurs

Récit de Bernard Clavel.

L’auteur retrouve des bonheurs oubliés qui ont fait son enfance, entre un père travailleur et attentif, et une mère douce et volontaire. Il raconte son parcours dans le monde rude de la campagne, parmi des êtres solides et simples.

C’est très court, peut-être trop. Mais le texte est charmant. Au détour de chaque page, j’ai cru déambuler dans un musée de la ruralité, entre une fourche à foin et un établi au fond d’une grange. Le texte se lit bien et le style est simple, comme toujours chez Clavel.

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Mémoires de porc-épic

Roman d’Alain Mabanckou.

Une légende populaire africaine veut que chaque homme ait un double animal maléfique. Dans le village de Séképembé, Kibandi charge son double, un porc-épic, d’accomplir une série de meurtres pour son propre compte. Le porc-épic relate la vie de son double humain, et les crimes qu’il doit accomplir.

Pas de ponctuation, ou si peu. Un livre écrit dans un seul souffle. Mais quel souffle ! De l’ironie à chaque paragraphe, et une réflexion fine qui se cache entre les ligne, sur le pouvoir de l’homme, le mal dont il est capable et la puissance des croyances. A lire sans aucun doute !

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